Le Niger traverse une période sombre de son histoire récente, marqué par une montée alarmante des violences perpétrées dans la région de Tillabéri. Au cœur du Sahel, cette zone proche de la frontière malienne et burkinabé est tristement connue comme la « zone des trois frontières », théâtre récursif de conflits armés. Le 15 septembre 2025, ce sont vingt-deux villageois nigériens qui ont été froidement assassinés lors d’attaques menées par des hommes armés circulant à moto. Cette tragédie s’ajoute à une série de violences répétées, et introduit de nouveau une ambiance de peur permanente pour les habitants de Tillabéri.
Les témoins locaux rapportent que les assaillants, lourdement armés, ont ciblé de petits hameaux isolés. Les survivants décrivent l’arrivée soudaine de groupes à moto, ouvrant le feu sans sommation sur les villageois et incendiant plusieurs habitations. Parmi les victimes, figurent aussi bien des hommes adultes que des enfants, leur vie arrachée en quelques minutes de brutalité.
Les origines de ces attaques sont attribuées, selon les sources sécuritaires et ONG sur place, à des groupes djihadistes opérant sous la bannière de l’État islamique dans le Sahel (EIS). Ces groupes, actifs depuis de longs mois, multiplient les agressions contre la population civile dans un cycle infernal de représailles et de terreur. Selon Human Rights Watch, depuis mars 2025, pas moins de 127 civils ont été exécutés lors d’attaques similaires dans la région.
Face à la montée des massacres, la réaction des autorités nigériennes suscite frustration et colère chez les communautés affectées. À chaque attaque, les appels à l’aide se multiplient, pourtant la protection militaire reste insuffisante, et les forces de sécurité sont souvent accusées de retard, voire d’inaction. Cette inefficacité a nourri un sentiment d’abandon chez les populations locales, certains allant jusqu’à dénoncer une suspicion généralisée à leur encontre, nourrie par la proximité avec les milices islamistes. Pour beaucoup, survivre au Sahel, c’est vivre avec la peur et le soupçon permanent des autorités.
La situation de Tillabéri est critique à plusieurs égards : à la fois bastion de la résistance du Niger contre l’avancée terroriste, et illustration des limites de la protection civile dans le contexte sahélien. Le gouvernement, sous pression des associations et ONG internationales, est appelé à réviser en urgence l’ensemble de ses stratégies sécuritaires dans la région, et à instaurer des systèmes d’alerte plus réactifs.

Mais au-delà de l’urgence, c’est tout le tissu social nigérien qui est fragilisé. Les témoignages recueillis par les envoyés d’Africanova.info font état d’un quotidien bouleversé : des exodes de familles contraintes à fuir, des villages entièrement pillés et incendiés, des enfants privés d’école, et une économie rurale durablement paralysée. À chaque drame, le cycle de la peur se renforce, laissant la population vulnérable aux futures attaques.
Pour les familles endeuillées, la justice et la sécurité apparaissent souvent comme des idéaux lointains. Face à l’insécurité, certains se tournent vers les groupes d’autodéfense, sources d’escalade supplémentaire de la violence. En cette rentrée 2025, la communauté internationale et les partenaires du Niger sont plus que jamais interpellés : redonner espoir à Tillabéri et bâtir un Sahel plus sûr exigent des efforts coordonnés, adaptés et solidaires.