Résumé de l’actualité
La République du Congo est confrontée à une recrudescence alarmante d’accidents maritimes sur ses fleuves et lacs. Depuis janvier 2025, plus de 20 naufrages ont été recensés, causant la mort de plus de 200 personnes et laissant des dizaines de disparus. Face à l’ampleur du drame, les autorités congolaises ont annoncé une série de mesures pour renforcer la sécurité du transport fluvial. Mais la population, endeuillée et méfiante, doute de l’efficacité de ces annonces.
Contexte et faits saillants
Le Congo, traversé par le fleuve Congo et de nombreux affluents, dépend fortement du transport fluvial pour le déplacement des personnes et des marchandises, en particulier dans les régions reculées. Ce mode de transport, vital pour l’économie et la vie quotidienne, est marqué par :
- Des embarcations vétustes et surchargées
- L’absence d’équipements de sécurité (gilets de sauvetage, signalisations)
- Des équipages souvent non formés
- Des contrôles laxistes de la part des autorités portuaires
Le dernier drame en date, survenu le 10 juin 2025 sur le lac Télé, a coûté la vie à 38 personnes, dont de nombreux enfants. Les rescapés dénoncent le manque de secours, l’absence de contrôle avant le départ du bateau, et la vétusté de l’embarcation.
Témoignages et colère populaire
Dans la ville de Mossaka, des familles endeuillées ont manifesté devant la préfecture pour réclamer justice et indemnisation.
« Nos proches sont morts parce que personne ne contrôle rien. Chaque année, c’est la même tragédie », déplore une mère de famille.
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #SécuritéFluvialeCongo est devenu viral, illustrant la colère et la lassitude de la population. Les médias locaux publient quotidiennement des témoignages de survivants et de familles en deuil.
Réactions des autorités
Le ministre des Transports, Jean-Pierre Mabiala, a annoncé :
- La suspension immédiate de plusieurs compagnies de transport fluvial jugées non conformes.
- L’obligation de formation pour les capitaines et équipages, avec la création de centres de formation spécialisés.
- Le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation à la sécurité fluviale, en partenariat avec les ONG.
- Le renforcement des contrôles dans les principaux ports du pays, avec la mise en place de brigades mixtes police/autorité portuaire.

Le gouvernement promet également d’investir dans la modernisation de la flotte et la rénovation des infrastructures portuaires, avec le soutien de la Banque africaine de développement et de l’Union européenne.
Enjeux structurels
- Modernisation de la flotte : la plupart des bateaux datent des années 1980 et ne répondent plus aux normes internationales. Leur remplacement nécessite des investissements lourds.
- Corruption : des licences de navigation sont parfois délivrées sans contrôle effectif, en échange de pots-de-vin.
- Manque d’investissement : l’État peine à financer la rénovation des infrastructures portuaires et la surveillance des voies navigables.
- Faible sensibilisation : la plupart des passagers ignorent les règles de sécurité de base et voyagent sans gilets de sauvetage.
Initiatives de la société civile
Des ONG locales, comme « Vies Sauves » et « Flotte Sûre », mènent des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les marchés. Elles distribuent des gilets de sauvetage et organisent des ateliers de formation pour les équipages.
La société civile appelle à la création d’une commission indépendante de suivi et à la publication régulière des statistiques d’accidents pour plus de transparence.
Analyse et perspectives
Si les mesures annoncées sont saluées par les ONG, leur mise en œuvre reste incertaine dans un contexte de faiblesse institutionnelle et de corruption. Sans une réforme en profondeur du secteur, le risque de nouveaux drames demeure élevé.
À long terme, la modernisation du secteur du transport fluvial est indispensable pour garantir la sécurité des passagers et soutenir le développement économique du pays. Cela passe par des investissements massifs, une lutte déterminée contre la corruption et une implication forte de la société civile.
La population, elle, reste vigilante et attend des actes concrets.
« Nous voulons des résultats, pas des promesses », résume un leader communautaire de Brazzaville.