Un mouvement social qui s’étend dans les métropoles africaines
Depuis le début du mois de mai 2025, une vague de grèves et de mobilisations secoue le secteur des taxis dans plusieurs grandes villes africaines : Abidjan, Dakar, Casablanca, Lagos, Le Caire, Nairobi… Les chauffeurs de taxi protestent contre la concurrence jugée déloyale des plateformes numériques (VTC), la hausse des charges, l’insécurité croissante et la dégradation de leurs conditions de travail. Ce mouvement, qui s’inspire des mobilisations européennes, met en lumière les enjeux de la mobilité urbaine et de l’inclusion sociale sur le continent.
Les revendications des chauffeurs africains
Les syndicats de taxis réclament une réglementation plus stricte des plateformes de VTC (Uber, Bolt, Yango…), la baisse des taxes et des frais de licence, la protection contre les agressions et la revalorisation des tarifs. À Abidjan, les chauffeurs dénoncent la multiplication des taxis clandestins et l’absence de soutien des autorités. À Dakar, ils exigent la création d’un fonds de solidarité et la modernisation du parc automobile. À Casablanca, la question de la sécurité est au cœur des préoccupations, après une série d’agressions contre des chauffeurs.
La transformation du secteur face au numérique
La mobilité urbaine en Afrique est en pleine mutation. L’arrivée des plateformes de VTC a bouleversé le marché, offrant aux clients plus de choix, de flexibilité et de transparence. Mais cette révolution numérique s’accompagne de tensions : concurrence exacerbée, précarisation des chauffeurs, perte de parts de marché pour les taxis traditionnels. Les autorités peinent à trouver un équilibre entre innovation, régulation et protection sociale.
Les enjeux de l’inclusion et de la mobilité durable
La crise du secteur des taxis pose la question plus large de l’inclusion urbaine. Pour de nombreux habitants des quartiers populaires, le taxi reste un moyen de transport essentiel, faute de réseaux de bus ou de métro suffisants. La hausse des tarifs, la baisse de la qualité de service et l’insécurité pèsent sur le quotidien des usagers. Les experts appellent à repenser la mobilité urbaine en Afrique, en intégrant les enjeux sociaux, environnementaux et technologiques.
Les réactions des autorités et des plateformes
Face à la colère des chauffeurs, plusieurs gouvernements africains ont ouvert des négociations avec les syndicats. À Dakar, le ministère des Transports a promis une révision de la réglementation et la création d’un observatoire de la mobilité. À Abidjan, un dialogue est engagé pour limiter l’implantation des VTC dans certaines zones. Les plateformes, de leur côté, mettent en avant leur contribution à la modernisation du secteur et à la création d’emplois, tout en appelant à une concurrence loyale.

Les défis de la sécurité et de la formation
L’insécurité est un enjeu majeur pour les chauffeurs de taxi, exposés aux agressions, aux vols et aux accidents. Les syndicats réclament une meilleure protection policière, la généralisation des caméras de surveillance et la formation des chauffeurs à la gestion des situations à risque. La question de la formation professionnelle est également cruciale pour accompagner la transition vers une mobilité plus moderne et inclusive.
Les perspectives d’avenir pour le secteur
La crise actuelle pourrait être l’occasion de repenser le modèle du taxi en Afrique. Certains experts proposent de mutualiser les ressources, de créer des coopératives de chauffeurs, d’investir dans des véhicules propres et de développer des applications locales de réservation. L’intégration des taxis dans les politiques de mobilité urbaine, aux côtés des bus, des métros et des vélos, est essentielle pour bâtir des villes plus durables et plus accessibles.
Conclusion : une Afrique urbaine en pleine mutation
La mobilisation des taxis africains est le reflet d’une Afrique urbaine en mouvement, confrontée aux défis de la modernité, de l’inclusion et de la sécurité. Le secteur du taxi, longtemps symbole d’ascension sociale et d’intégration, doit se réinventer pour répondre aux attentes des usagers et s’adapter aux nouvelles technologies. Le dialogue entre chauffeurs, autorités et plateformes sera décisif pour construire la mobilité de demain, au service de tous les Africains.