Nouakchott, le 11 août 2025–
La Mauritanie fait face aujourd’hui à une crise environnementale de grande ampleur, provoquée par des épisodes de sécheresse persistantes qui aggravent les conditions de vie des populations les plus vulnérables. Cette situation met en lumière les liens étroits entre changement climatique, insécurité alimentaire, et migrations internes croissantes, notamment vers le Sénégal voisin.
Une sécheresse récurrente et ses conséquences
Les données météorologiques indiquent que la Mauritanie connaît depuis plusieurs années des nettetés inférieures aux moyennes historiques. Le déficit hydrique provoque une dégradation rapide des pâturages et des terres cultivables, ainsi que la raréfaction des ressources en eau potable.
Les éleveurs nomades et les agriculteurs, particulièrement dans les régions de l’ Assaba et du Hodh El Gharbi , voient leurs moyens de subsistance menacés. La baisse des productions locales accentue la malnutrition et la dépendance à l’aide alimentaire extérieure.
Migrations internes et pressions sur les villes
Cette crise climatique provoque un exode du massif rural. Selon les estimations d’ONG internationales, plus de 150 000 personnes ont quitté les zones les plus touchées au cours des deux dernières années, cherchant refuge souvent vers Nouakchott ou vers les régions frontales sénégalaises.
Cette migration interne accumulée contribue à une pression croissante sur les infrastructures urbaines et sociales, notamment en matière de logement, d’éducation et de santé, souvent déjà en difficulté.
Réponses gouvernementales et initiatives régionales
Le gouvernement mauritanien, conscient des enjeux, a lancé plusieurs programmes pour promouvoir une gestion durable des ressources naturelles et développer des cultures résistantes à la sécheresse . De plus, le pays participe à des initiatives régionales, comme le Programme régional d’adaptation au changement climatique au Sahel (PRACC) , afin de renforcer la résilience des populations.
Le partenariat avec le Sénégal est également renforcé sur les questions de sécurité alimentaire et de gestion transfrontalière des ressources en eau. Dakar accueille régulièrement des consultations bilatérales destinées à anticiper et gérer ces flux migratoires.

Défis à moyen et long terme
Les experts soulignent la nécessité d’intégrer les dimensions sociales et économiques à la réponse climatique. Sans une rapide de la sécurité alimentaire et des infrastructures rurales, ces migrations risquent de s’intensifier, amplifiant la vulnérabilité déjà forte des populations déplacées.
Par ailleurs, la Mauritanie doit naviguer dans un contexte économique délicat, avec des ressources fiscales limitées et un chômage élevé, notamment chez les jeunes.
Perspectives d’action
Les stratégies à venir privilégient une approche multisectorielle intégrant :
- La conservation des sols et la lutte contre la désertification.
- Le développement d’énergies renouvelables , en particulier solaire, pour alimenter les zones isolées.
- La diversification des activités économiques dans les zones rurales pour réduire la dépendance à l’agriculture pluviale.
- Le renforcement des systèmes d’alerte précoce et des mécanismes d’assistance aux populations à risque.