Une colère sociale qui monte dans la capitale sénégalaise
Le 27 mai 2025, Dakar a été le théâtre de vastes manifestations contre la vie chère, à l’appel de plusieurs syndicats et organisations de la société civile. Des milliers de personnes ont défilé dans les rues du centre-ville, brandissant des pancartes dénonçant la hausse des prix des denrées de première nécessité, des carburants et des loyers. Les manifestants, venus de tous les quartiers de la capitale, ont exprimé leur ras-le-bol face à une inflation galopante qui fragilise des millions de familles sénégalaises.
Les faits : une mobilisation inédite depuis la pandémie
La mobilisation de ce mardi est la plus importante depuis la crise du Covid-19. Les syndicats, emmenés par la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) et l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), dénoncent l’inaction du gouvernement face à la flambée des prix et l’érosion du pouvoir d’achat. Les manifestants réclament une augmentation du salaire minimum, un plafonnement des prix des produits de base et une réforme de la fiscalité sur les carburants.
Le cortège, encadré par un important dispositif policier, s’est déroulé dans le calme, malgré quelques tensions en fin de parcours près du ministère de l’Économie. Aucun incident majeur n’a été signalé, mais les syndicats ont annoncé une grève générale pour le 30 mai si le gouvernement ne répond pas à leurs revendications.
Les causes de la crise
L’inflation au Sénégal a atteint 9 % sur un an, un niveau inédit depuis plus de vingt ans. Cette hausse est alimentée par plusieurs facteurs : envolée des prix mondiaux du blé et du riz, dépréciation du franc CFA, hausse des coûts de l’énergie et des transports, et spéculation sur les marchés locaux. Les ménages les plus modestes, déjà fragilisés par la pandémie et la sécheresse, sont les premiers touchés.
Les commerçants, eux aussi, se plaignent de la baisse de la consommation et de la difficulté à répercuter la hausse des coûts sur leurs clients. Les bailleurs de Dakar, profitant de la forte demande, augmentent les loyers, aggravant la précarité des familles.
Les réactions politiques
Le gouvernement, par la voix du Premier ministre Amadou Ba, a appelé au dialogue et promis des mesures d’urgence : subventions sur le riz et l’huile, gel des prix des carburants pour trois mois, et ouverture de négociations avec les syndicats. Mais ces annonces sont jugées insuffisantes par les manifestants, qui exigent des réformes structurelles et une meilleure redistribution des richesses.
L’opposition politique a saisi l’occasion pour dénoncer la « mauvaise gouvernance » et l’« incapacité du pouvoir à protéger les plus vulnérables ». Plusieurs leaders politiques, dont Ousmane Sonko et Khalifa Sall, ont rejoint les cortèges, appelant à une mobilisation nationale.
Les enjeux pour la cohésion sociale
La crise du coût de la vie menace la stabilité sociale du Sénégal, longtemps considéré comme un modèle de démocratie et de paix en Afrique de l’Ouest. Les experts mettent en garde contre le risque de radicalisation des mouvements sociaux, d’émeutes urbaines et de blocages économiques si les tensions ne sont pas apaisées.

Les syndicats insistent sur la nécessité d’un dialogue social renforcé, d’une transparence accrue dans la gestion des finances publiques et d’un soutien ciblé aux secteurs les plus touchés (agriculture, transport, petite entreprise).
Les perspectives
La grève générale annoncée pour le 30 mai pourrait paralyser le pays si aucun compromis n’est trouvé. Les partenaires internationaux, dont la Banque mondiale et le FMI, appellent à des réformes pour améliorer la résilience de l’économie sénégalaise et protéger les plus pauvres.
Les organisations de la société civile, quant à elles, multiplient les initiatives pour soutenir les familles en difficulté : banques alimentaires, fonds de solidarité, conseils juridiques pour les locataires.
Conclusion
Les manifestations contre la vie chère à Dakar témoignent d’une colère sociale profonde et d’un malaise économique qui touche l’ensemble du pays. La réponse du gouvernement, la capacité au dialogue et la mobilisation de la société civile seront déterminantes pour préserver la paix sociale et éviter une crise majeure.