Mali : Moussa Mara auditionné par le pôle anticorruption – Vers un tournant judiciaire et politique majeur ?
Un ancien Premier ministre face à la justice : symbole d’un Mali en quête de transparence ?
Le Mali, longtemps rongé par la corruption institutionnelle et l’impunité des élites, vit un tournant. Ce 16 juillet 2025, Moussa Mara, ancien Premier ministre reconnu pour sa proximité avec la société civile et son engagement réformateur, a été entendu par le pôle national économique et financier. L’enquête porte sur plusieurs volets de marchés publics et soupçons d’enrichissement illicite.
Cette audition très médiatisée suscite un vif débat sur le nouveau visage de la justice malienne et la volonté affichée du pouvoir de restaurer la confiance nationale comme internationale.
Une procédure inédite dans l’histoire politique récente du Mali
Sous pression des bailleurs de fonds et de la société civile, les autorités de Bamako semblent vouloir marquer leur rupture avec la culture du « tout permis ». L’ouverture des procédures contre de hauts responsables, dont Moussa Mara, intervient alors que la lutte contre la corruption figure au cœur de la feuille de route du gouvernement de transition.
Les observateurs notent cependant le caractère délicat de ces poursuites dans un contexte politique instable, marqué par des transitions successives et l’influence persistante de réseaux informels au sommet de l’État.
Moussa Mara : quel bilan, quels risques ?
Chef du gouvernement en 2014 au sortir d’une crise majeure, Moussa Mara s’était vu attribuer un bilan mitigé : réformateur pragmatique pour ses partisans, pas assez incisif pour ses détracteurs, il avait prôné la décentralisation, la réforme de l’éducation et un dialogue démocratique.
Son implication présumée dans plusieurs marchés publics questionne la réalité du renouvellement des pratiques politiques. Les experts soulignent que l’issue du dossier pourrait soit renforcer le sentiment de justice et d’équité, soit, en cas de procédure inachevée, raviver le spectre de l’impunité.

Une nouvelle ère pour la justice malienne ?
La société civile, les médias indépendants et de nombreuses ONG locales saluent ce « dossier test ». Bamako peut-il enfin se hisser aux standards d’un État de droit capable de juger ses responsables, quel que soit leur rang ? Les bailleurs internationaux, tels la Banque Mondiale et l’Union africaine, attendent des signaux clairs pour maintenir leur appui aux programmes de gouvernance.
Le défi : garantir l’indépendance du parquet, éviter les procès politiques et transformer la justice en levier de stabilité et de développement.
Quel impact pour les transitions africaines ?
Au-delà du Mali, cette affaire fait figure d’exemple en Afrique de l’Ouest, où la lutte anticorruption s’invite désormais dans les débats publics. Les ambitions panafricaines de « gouvernance sans concession » passent par des actes forts. Le Mali entend envoyer un message : la justice est désormais au-dessus des partis et au bénéfice de la refondation nationale.