Introduction
Le retrait progressif des forces françaises du Mali, achevé début 2025, marque un tournant majeur dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Après plus de dix ans d’intervention, l’opération Barkhane a laissé place à une recomposition des alliances et à une montée des incertitudes sécuritaires. Les groupes armés djihadistes gagnent du terrain, la coopération régionale peine à s’organiser et les populations civiles restent les premières victimes.
Un retrait sous pression politique et populaire
La décision de Paris de retirer ses troupes du Mali a été prise sous la pression d’un gouvernement malien de transition de plus en plus hostile à la présence étrangère, mais aussi face à la lassitude de l’opinion publique française et aux critiques sur l’efficacité de l’opération Barkhane. Les derniers soldats français ont quitté Gao en février 2025, transférant la base à l’armée malienne.
Le vide sécuritaire et la progression des groupes armés
Depuis ce retrait, les attaques djihadistes se sont multipliées dans le centre et le nord du Mali. Les groupes affiliés à Al-Qaïda (JNIM) et à l’État islamique (EIGS) profitent du vide sécuritaire, attaquant villages, convois militaires et camps de déplacés. Les forces maliennes, malgré l’appui de mercenaires russes du groupe Wagner, peinent à contenir la menace, faute de moyens et de formation.
Les régions frontalières avec le Burkina Faso et le Niger sont particulièrement exposées, avec une hausse des déplacements de populations et une aggravation de la crise humanitaire.
La coopération régionale à l’épreuve
Face à la montée des périls, les pays du Sahel tentent de renforcer la coopération au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), mais les rivalités politiques, le manque de ressources et la méfiance envers les partenaires occidentaux compliquent la tâche. Les initiatives de l’Union africaine et de la CEDEAO peinent à trouver une traduction concrète sur le terrain.
La MINUSMA (mission de l’ONU) reste présente, mais son mandat est limité et son efficacité contestée.
Les conséquences pour les civils
Les populations civiles paient un lourd tribut : massacres, enlèvements, déplacements forcés, fermeture d’écoles et de centres de santé. L’accès à l’aide humanitaire est de plus en plus difficile, et les ONG alertent sur le risque de famine et de radicalisation accrue.

Les enjeux pour la France et l’Europe
Le retrait du Mali ne signifie pas la fin de l’engagement français au Sahel. Paris maintient des bases au Niger et au Tchad, et appuie la coopération régionale. Mais l’influence française est contestée, et la Russie cherche à s’imposer comme nouvel acteur sécuritaire, au risque d’accroître la fragmentation du Sahel.
Pour l’Europe, la stabilité du Mali reste cruciale pour contenir les flux migratoires, lutter contre le terrorisme et préserver les intérêts économiques.
Perspectives
La sécurité au Mali dépendra de la capacité des autorités à restaurer la confiance, réformer l’armée, dialoguer avec certaines factions et relancer le développement. La communauté internationale doit repenser son soutien, en privilégiant l’écoute des besoins locaux et une approche globale.
Conclusion
Le retrait des forces françaises du Mali ouvre une période d’incertitude pour le Sahel. Seule une coopération régionale renforcée, adossée à une gouvernance inclusive et à des politiques de développement, pourra prévenir l’effondrement sécuritaire et humanitaire.