Introduction
Au Mali, la question des violences faites aux femmes prend une dimension nouvelle avec le lancement, en avril 2025, d’une vaste campagne nationale de sensibilisation et de lutte. Cette initiative, portée par le gouvernement, les ONG locales et des partenaires internationaux comme l’UNICEF, marque une étape décisive dans la reconnaissance et la prise en charge de ce fléau, longtemps relégué au second plan dans la société malienne.
Un contexte alarmant
Les violences basées sur le genre restent très répandues au Mali, malgré les efforts des autorités et de la société civile. Selon les dernières études, une femme sur trois a été victime de violences physiques, psychologiques ou sexuelles au cours de sa vie. Le contexte d’instabilité sécuritaire, la pauvreté et les normes sociales traditionnelles aggravent la vulnérabilité des femmes et compliquent leur accès à la justice.
Les mutilations génitales féminines, les mariages précoces et les violences domestiques persistent dans de nombreuses régions, en dépit de l’existence de lois protectrices souvent peu appliquées.
Une campagne d’ampleur nationale
Face à cette situation, le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, en partenariat avec des ONG comme Wildaf Mali et l’UNICEF, a lancé une campagne de sensibilisation sans précédent. Des spots radio et télévisés, des affiches et des ateliers de formation sont déployés dans tout le pays, avec un accent particulier sur les zones rurales et les régions affectées par les conflits.
La campagne vise à briser le silence autour des violences, à encourager les victimes à porter plainte et à informer la population sur les droits des femmes et les recours existants. Des lignes d’écoute et des centres d’accueil ont été renforcés pour accompagner les victimes.
Mobilisation des acteurs locaux
L’un des aspects innovants de cette campagne est l’implication des leaders communautaires, religieux et traditionnels. Ces derniers, souvent influents dans la société malienne, sont sollicités pour relayer les messages de prévention et encourager le changement des mentalités. Des sessions de dialogue intergénérationnel sont organisées pour déconstruire les stéréotypes et promouvoir l’égalité des sexes.
Les écoles, collèges et lycées participent également à la campagne à travers des modules d’éducation à la vie et des concours d’expression artistique sur le thème des droits des femmes.

Un engagement politique renforcé
Le gouvernement malien, sous la pression de la société civile et des partenaires internationaux, s’est engagé à renforcer le cadre législatif et à allouer davantage de ressources à la lutte contre les violences faites aux femmes. Un projet de loi visant à alourdir les peines pour les auteurs de violences et à améliorer la protection des victimes est en cours d’examen au Parlement.
La Première ministre a déclaré lors du lancement de la campagne : « Il est temps de dire stop à l’impunité et de garantir à chaque Malienne le droit de vivre en sécurité et dans la dignité. »
Les défis à relever
Malgré cette mobilisation, de nombreux obstacles subsistent : la peur des représailles, la stigmatisation des victimes, le manque de moyens des structures d’accueil et la lenteur des procédures judiciaires. Les ONG insistent sur la nécessité d’un suivi rigoureux, d’une formation continue des acteurs de terrain et d’un engagement durable de l’État.
Conclusion
La campagne nationale contre les violences faites aux femmes au Mali constitue un tournant dans la lutte pour l’égalité et la justice. Elle témoigne d’une prise de conscience collective et d’une volonté de changement, même si le chemin reste long. L’implication de tous les acteurs, des institutions aux citoyens, sera déterminante pour transformer les mentalités et garantir aux femmes maliennes une vie sans violence.