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Mali : Enquête sur la mort de 22 civils – Human Rights Watch exige la vérité

par Africanova
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Le Mali, pays sahélien en proie à une instabilité chronique depuis plus d’une décennie, fait face à une nouvelle onde de choc après la mort de 22 civils lors d’une opération militaire controversée. Human Rights Watch (HRW), organisation internationale de défense des droits humains, a appelé à l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur ces événements tragiques.

Ce drame relance le débat sur la conduite des opérations antiterroristes, la responsabilité des forces armées et la protection des populations civiles dans un contexte de guerre asymétrique.

Les faits remontent à la semaine dernière, dans la région de Mopti, épicentre de la violence djihadiste au Mali. Selon plusieurs témoignages recueillis par HRW, des soldats maliens, appuyés par des supplétifs locaux, auraient procédé à des arrestations massives dans plusieurs villages soupçonnés d’abriter des éléments terroristes.

Les 22 victimes, dont des femmes et des enfants, auraient été exécutées sommairement, sans procès ni justification officielle. Les autorités maliennes, tout en reconnaissant la mort de civils, avancent la thèse d’une bavure involontaire dans le cadre d’une opération de sécurisation.

Cette version est contestée par de nombreux acteurs de la société civile et des organisations internationales, qui dénoncent une impunité persistante au sein des forces de sécurité. Pour Human Rights Watch, la multiplication des exactions commises par l’armée malienne menace la légitimité de l’État et alimente le cycle de violence. L’organisation réclame la mise en place d’une commission d’enquête indépendante, dotée de moyens suffisants et d’un mandat clair, afin d’identifier les responsables et de garantir la justice pour les victimes.

La question de la responsabilité des forces armées au Mali est d’autant plus sensible que le pays est engagé dans une lutte complexe contre des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Depuis le retrait progressif des forces françaises de l’opération Barkhane, les autorités de transition ont renforcé leur coopération avec d’autres partenaires, notamment la Russie et certains groupes paramilitaires privés. Cette évolution s’est accompagnée d’une recrudescence des opérations offensives, souvent menées dans l’opacité et sans contrôle parlementaire effectif.

Pour les populations civiles, prises en étau entre les exactions des groupes armés et les dérives des forces régulières, la situation est dramatique. Les ONG locales font état d’un climat de peur généralisée, marqué par la multiplication des disparitions forcées, des arrestations arbitraires et des violences sexuelles. La défiance à l’égard des institutions s’accroît, tandis que les mécanismes traditionnels de résolution des conflits peinent à contenir l’escalade.

Sur le plan politique, la gestion de ce drame constitue un test crucial pour les autorités de transition, confrontées à une double exigence : restaurer la sécurité tout en respectant les droits fondamentaux. Le gouvernement malien, sous pression de la communauté internationale, a promis de faire toute la lumière sur les circonstances de la mort des 22 civils. Mais la crédibilité de cette promesse dépendra de la capacité à garantir l’indépendance de l’enquête et à sanctionner les éventuels responsables.

La communauté internationale, de son côté, suit de près l’évolution de la situation au Mali. L’Union africaine, la CEDEAO et les Nations unies ont appelé à la retenue et au respect du droit international humanitaire. La France, l’Union européenne et les États-Unis, principaux bailleurs de fonds de l’armée malienne, conditionnent leur soutien à des avancées concrètes en matière de droits humains. HRW, en lançant un appel solennel à la justice, rappelle que la lutte contre le terrorisme ne saurait justifier l’impunité.

En conclusion, la mort de 22 civils à Mopti met en lumière les dilemmes éthiques et stratégiques auxquels est confronté le Mali. Entre impératif sécuritaire et respect des droits humains, le pays doit inventer une nouvelle voie, fondée sur la transparence, la responsabilité et la participation des communautés locales. Le défi est immense, mais il conditionne la stabilité et la paix durables au Sahel.

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