Une attaque qui bouleverse la communauté humanitaire au Mali
Le centre du Mali a une nouvelle fois été frappé par la violence. Mardi 28 mai, un convoi humanitaire a été attaqué sur l’axe Sévaré-Bankass, dans la région de Mopti, entraînant la mort de deux travailleurs maliens et faisant plusieurs blessés. Cette attaque, qui s’inscrit dans une série noire de violences contre les acteurs humanitaires, met en lumière la dégradation continue de la sécurité dans le centre du pays et la précarité croissante des populations locales.
Les faits : un convoi pris pour cible en plein jour
Selon les premiers témoignages recueillis auprès des ONG et des autorités locales, le convoi, composé de trois véhicules tout-terrain arborant clairement les logos humanitaires, transportait des vivres, des médicaments et du matériel de première nécessité à destination de villages isolés. Vers 14h, alors qu’il traversait une zone réputée dangereuse, le convoi a été stoppé net par un groupe d’hommes armés arrivés à moto. Sans sommation, les assaillants ont ouvert le feu, tuant sur le coup deux membres du personnel humanitaire et blessant grièvement un chauffeur.
Les survivants, traumatisés, ont été évacués sous protection militaire vers Sévaré. Les assaillants ont pris la fuite, emportant une partie du chargement. Aucun groupe n’a revendiqué l’attaque, mais la région est connue pour la présence de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique.
Un contexte de violence endémique
La région de Mopti est l’épicentre de la crise sécuritaire qui secoue le Mali depuis 2012. Les groupes armés, profitant de la faiblesse de l’État et des tensions intercommunautaires, multiplient les attaques contre les civils, les forces de sécurité et les acteurs humanitaires. Selon l’ONU, plus de 500 000 personnes sont déplacées dans le centre du pays, et l’accès à la nourriture, à l’eau et aux soins est de plus en plus difficile.

Les ONG, qui jouent un rôle vital dans l’assistance aux populations, sont de plus en plus ciblées. Depuis le début de l’année, on recense déjà une dizaine d’attaques contre des convois ou des bases humanitaires dans la région. Beaucoup d’organisations ont dû réduire leurs activités ou suspendre leurs opérations dans certaines zones jugées trop dangereuses.
Les conséquences pour les populations locales
L’attaque du convoi humanitaire a des conséquences dramatiques pour les habitants des villages concernés. Privés de vivres, de médicaments et d’assistance médicale, ils se retrouvent encore plus vulnérables face à la faim, à la maladie et à la violence. « Nous dépendons totalement de l’aide extérieure », explique un chef de village de la région. « Sans les convois, nos enfants n’ont rien à manger et les malades ne peuvent pas être soignés. »
La peur s’installe aussi chez les travailleurs humanitaires, qui se sentent abandonnés et exposés. Plusieurs ONG envisagent désormais de suspendre leurs missions dans le centre du Mali, ce qui aggraverait encore la crise humanitaire.
Les réactions nationales et internationales
Le gouvernement malien a condamné « un acte barbare et lâche » et promis l’ouverture d’une enquête pour retrouver les auteurs. Les Nations unies, l’Union africaine et de nombreuses ONG ont exprimé leur indignation et appelé au respect du droit international humanitaire. « Les travailleurs humanitaires ne doivent jamais être pris pour cible », a rappelé le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Sur les réseaux sociaux, l’émotion est vive. Des campagnes de soutien aux victimes et de sensibilisation à la protection des humanitaires ont été lancées sous les hashtags #ProtectAidWorkers et #MaliHumanitaire.
Les défis de la sécurité humanitaire
La multiplication des attaques contre les humanitaires pose un défi majeur à l’ensemble du secteur. Les ONG réclament des garanties de sécurité, une meilleure coordination avec les forces de sécurité maliennes et internationales, et un accès sans entrave aux populations. Mais sur le terrain, la réalité est complexe : routes minées, enlèvements, rackets, menaces constantes.
Certains acteurs appellent à une refonte des stratégies d’intervention : recours accru aux partenaires locaux, utilisation de nouvelles technologies pour le suivi des convois, négociations avec les chefs communautaires. Mais tous insistent sur la nécessité d’un engagement politique fort pour restaurer l’autorité de l’État et lutter contre l’impunité.

Perspectives et solutions
Pour sortir de l’impasse, plusieurs pistes sont évoquées : renforcer la présence sécuritaire sur les axes humanitaires, impliquer davantage les communautés locales dans la protection des convois, et relancer le dialogue avec les groupes armés pour obtenir des garanties de non-agression. À plus long terme, seule une solution politique et inclusive permettra de ramener la paix au centre du Mali.
Conclusion : L’urgence d’agir pour protéger l’aide humanitaire
L’attaque meurtrière de Mopti est un signal d’alarme. Sans sécurité pour les humanitaires, c’est toute la population qui paie le prix fort. Le Mali, la région et la communauté internationale doivent agir vite pour garantir l’accès à l’aide et protéger ceux qui, chaque jour, risquent leur vie pour sauver les autres.