Depuis fin septembre 2025, Madagascar traverse une crise politique sans précédent qui secoue profondément ses institutions et sa société. Le 12 octobre, le président Andry Rajoelina a été exfiltré par un avion militaire français dans un contexte d’instabilité, marquant un tournant dans la crise.
Origines et déroulé de la crise
Initialement déclenchées par des coupures répétées d’eau et d’électricité, les manifestations ont vite pris un tour politique. Majoritairement portées par la jeunesse malgache, la génération Z, elles expriment un ras-le-bol face à la corruption, au chômage et à la pauvreté endémique. La mobilisation a gagné les grandes villes, notamment Antananarivo, avec des rassemblements quotidiens, parfois violents. Les forces de l’ordre ont répondu par une répression musclée, faisant au moins 22 morts et plusieurs blessés, selon l’ONU.
Implication des forces armées
Les tensions ont atteint un point critique lorsque l’unité d’élite Capsat, qui avait aidé Rajoelina lors de son coup d’État de 2009, s’est retournée contre lui, prenant le contrôle de l’armée et déclenchant une mutinerie. Les soldats ont rallié les manifestants, critiquant les ordres de répression. Cette rupture s’est accompagnée d’une nomination contestée d’un nouveau chef d’état-major et d’un contrôle effectif des forces armées par des factions rivales.
La situation institutionnelle
Au lendemain de ces événements, Rajoelina se trouve hors du pays, officiellement en mission, mais son absence prolongée entretient le doute et l’incertitude quant à sa légitimité et à l’autorité effective en place. L’opposition parlementaire amorce des procédures d’impeachment, tandis que les institutions restent paralysées. Le silence de la présidence et la coupure des communications traditionnelles alimente les rumeurs et l’inquiétude.
Vers un dialogue national incertain
Des voix s’élèvent pour appeler au dialogue, avec l’implication d’acteurs religieux et de la société civile, et sous la médiation du Conseil œcuménique des Églises chrétiennes. Le climat demeure cependant fragile, entre crainte d’une escalade militaire et aspirations profondes à un changement politique réel.
La crise malgache révèle la fragilité des équilibres institutionnels et met en lumière les fractures sociales persistantes. Elle appelle à une réflexion urgente sur l’avenir démocratique de Madagascar, dans un contexte marqué par une jeunesse massive et impatiente.