Introduction :
Le 6 avril 2025, l’Union africaine (UA) et l’Inde ont signé une déclaration commune visant à approfondir leur coopération économique, technologique et sécuritaire. Ce rapprochement intervient dans un contexte de rivalités géopolitiques croissantes entre grandes puissances et de redéfinition des alliances Sud-Sud.
Contexte géopolitique :
L’Inde, désireuse de contrer l’influence chinoise en Afrique, mise sur des partenariats ciblés dans les secteurs de la santé, des énergies renouvelables et de la cybersécurité. Pour l’UA, ce rapprochement répond à une volonté de diversification des partenariats, après des années de dépendance vis-à-vis de l’Europe et de la Chine.
Domaines de coopération clés :
- Santé publique :
L’Inde s’engage à fournir des médicaments génériques à prix coûtant pour lutter contre le paludisme et le VIH/sida. Une usine de production de vaccins contre la fièvre jaune sera construite au Rwanda avec un financement indien de 200 millions de dollars.
- Transition énergétique :
Le géant indien Adani Green Energy investira 1,5 milliard de dollars dans des centrales solaires au Niger et au Tchad, pays stratégiques pour l’approvisionnement en uranium.
- Sécurité maritime :
Des exercices navals conjoints seront organisés dans l’océan Indien pour lutter contre la piraterie et les trafics illicites.
Défis et critiques :
- Dépendance technologique : Certains experts africains craignent que l’Inde ne reproduise le modèle chinois, basé sur l’endettement et le contrôle des infrastructures clés.
- Concurrence régionale : Les Émirats arabes unis et la Turquie, actifs en Afrique de l’Est, pourraient voir ce partenariat d’un mauvais œil.
Cas d’étude : Le rôle du Ghana dans la nouvelle alliance
Le Ghana, pivot de la CEDEAO, a été choisi pour accueillir le premier « Forum économique Afrique-Inde » en 2026. Ce pays, stable et anglophone, sert de pont entre l’Inde et les marchés francophones d’Afrique de l’Ouest.
Perspectives :
Ce partenariat pourrait redessiner la carte des influences en Afrique, à condition que les pays africains négocient des accords équilibrés. La clé réside dans le transfert de technologies et la création d’emplois locaux, plutôt que dans l’exploitation des ressources naturelles.
Conclusion :
Le rapprochement UA-Inde illustre la multipolarité croissante des relations internationales. Pour l’Afrique, il s’agit d’une opportunité de négocier sa place dans un monde en recomposition, à condition de rester maître de son agenda stratégique.