Une escalade de la violence à Khartoum et au Darfour
Le 27 mai 2025, l’Union africaine (UA) a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour une médiation urgente au Soudan. Cette demande intervient alors que de violents affrontements ont de nouveau éclaté à Khartoum et dans la région du Darfour, opposant l’armée régulière aux Forces de soutien rapide (FSR). Ces combats, qui ont fait plus de 200 morts et des centaines de blessés en moins d’une semaine, plongent le pays dans une crise humanitaire et politique sans précédent depuis la chute d’Omar el-Béchir en 2019.
Les faits récents : une spirale de violences incontrôlable
Depuis plusieurs mois, le Soudan est le théâtre d’une guerre fratricide entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhan et les FSR du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemedti ». Les tentatives de cessez-le-feu n’ont pas tenu, et les combats se sont intensifiés dans les quartiers résidentiels de Khartoum, forçant des milliers de civils à fuir. Au Darfour, les violences prennent des allures de nettoyage ethnique, avec des villages incendiés, des exécutions sommaires et des déplacements massifs de population.
Les ONG sur place, comme Médecins Sans Frontières et le Comité international de la Croix-Rouge, alertent sur l’effondrement du système de santé, le manque d’eau potable et l’impossibilité d’acheminer l’aide humanitaire dans les zones assiégées.
L’appel de l’Union africaine
Face à cette situation dramatique, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a appelé à une médiation internationale d’urgence. Il exhorte les parties à déposer les armes et à engager des pourparlers sous l’égide de l’UA, de l’ONU et des partenaires régionaux (Égypte, Éthiopie, Arabie saoudite). L’UA propose la création d’un corridor humanitaire sécurisé et la mise en place d’un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu.
Dans un communiqué, l’UA rappelle que « la paix et la stabilité au Soudan sont essentielles pour la sécurité de toute la région du Sahel et de la Corne de l’Afrique ». Elle met en garde contre le risque de contagion du conflit vers les pays voisins (Tchad, Soudan du Sud, Libye) et l’aggravation des flux migratoires vers l’Europe.
Les réactions internationales
Les États-Unis, l’Union européenne et la Ligue arabe ont exprimé leur soutien à l’initiative africaine. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. Les diplomates occidentaux insistent sur la nécessité d’un dialogue inclusif, associant la société civile, les femmes et les représentants des minorités ethniques.
Mais sur le terrain, la méfiance reste forte entre les belligérants, qui s’accusent mutuellement de crimes de guerre et de sabotage du processus de transition démocratique.
Les enjeux pour la stabilité régionale
Le conflit soudanais menace la stabilité de toute l’Afrique de l’Est. Les réfugiés affluent vers le Tchad, l’Égypte et l’Éthiopie, mettant sous pression les capacités d’accueil et exacerbant les tensions frontalières. Les groupes armés et les trafiquants profitent du chaos pour renforcer leur emprise sur les routes migratoires et les ressources naturelles (or, pétrole, bétail).
La communauté internationale redoute également une résurgence du terrorisme et de la criminalité organisée, dans une région déjà fragilisée par les crises au Sahel et en Libye.
Les perspectives de sortie de crise
Pour sortir de l’impasse, les experts recommandent :
- Un cessez-le-feu immédiat et vérifiable, sous supervision internationale.
- L’ouverture de négociations inclusives, impliquant toutes les composantes de la société soudanaise.
- Un soutien massif à l’aide humanitaire et à la reconstruction des infrastructures.
- Des sanctions ciblées contre les responsables des violations des droits humains.
L’UA insiste sur la nécessité d’une solution africaine aux problèmes africains, tout en appelant à la solidarité internationale.
Conclusion
La demande de médiation urgente de l’Union africaine au Soudan est un signal fort face à l’escalade de la violence. Elle rappelle l’importance du dialogue, de la solidarité et de l’engagement collectif pour préserver la paix et la dignité humaine sur le continent africain.
