Introduction
Le retour de Luiz Inácio Lula da Silva à la présidence du Brésil a relancé la dynamique de la diplomatie Sud-Sud et la coopération avec l’Afrique. Au cœur de cette stratégie : la protection de l’Amazonie, la lutte contre le changement climatique et la construction d’alliances « vertes » entre pays émergents. Lula, figure historique de la gauche brésilienne, entend positionner son pays comme leader de la transition écologique et du dialogue entre l’Amérique latine et l’Afrique. Africanova analyse les enjeux de cette nouvelle donne, les opportunités pour le continent africain et les défis à relever pour bâtir un partenariat durable et équitable.
L’Amazonie, enjeu planétaire et symbole politique
Poumon de la planète, l’Amazonie concentre tous les paradoxes : richesse en biodiversité, ressources naturelles convoitées, déforestation galopante et pressions économiques. Lula a fait de la protection de la forêt un axe central de sa politique intérieure et extérieure. Il a renforcé les contrôles, relancé les programmes de reforestation et multiplié les appels à la coopération internationale.
Le Brésil propose une « alliance des trois grands bassins forestiers » (Amazonie, Congo, Bornéo-Mékong), pour mutualiser les expertises, coordonner les politiques de préservation et peser dans les négociations climatiques mondiales.
Diplomatie Sud-Sud : un partenariat renouvelé avec l’Afrique
L’Afrique occupe une place stratégique dans la diplomatie brésilienne : histoire partagée, liens culturels, intérêts économiques et défis communs. Lula a multiplié les visites officielles, signé des accords de coopération dans l’agriculture, l’énergie, la santé, l’éducation et la sécurité alimentaire. Les entreprises brésiliennes investissent dans les infrastructures, les biocarburants, l’agro-industrie et les technologies vertes.
La diplomatie Sud-Sud vise à promouvoir un développement autonome, fondé sur la solidarité, l’échange d’expériences et la défense des intérêts des pays du Sud dans les instances internationales (ONU, G20, COP).
L’Afrique et la transition écologique
Pour l’Afrique, la coopération avec le Brésil ouvre de nouvelles perspectives : transfert de technologies, accès à des financements verts, partage de bonnes pratiques en matière de gestion forestière et d’agriculture durable. Les pays du bassin du Congo, deuxième forêt tropicale du monde, sont au cœur des discussions sur la préservation des écosystèmes et la valorisation des services environnementaux.

La lutte contre la déforestation, la promotion de l’économie circulaire et la formation des jeunes aux métiers verts sont autant de chantiers prioritaires. Les États africains cherchent à obtenir une juste rémunération pour leur rôle dans la régulation du climat mondial.
Les défis de la coopération verte
Malgré les ambitions affichées, la coopération Sud-Sud se heurte à des obstacles : différences de niveau de développement, concurrence pour l’accès aux marchés, faiblesse des infrastructures et des cadres réglementaires. La corruption, la bureaucratie et les tensions géopolitiques freinent parfois la mise en œuvre des projets.
L’enjeu est de bâtir des partenariats équilibrés, transparents et inclusifs, impliquant les communautés locales, les ONG et le secteur privé. La réussite de l’alliance verte dépendra de la capacité à concilier développement économique et préservation de l’environnement.
Conclusion
Lula veut faire du Brésil un pont entre l’Amérique latine et l’Afrique, au service d’un développement durable et solidaire. Pour l’Afrique, l’alliance verte avec le Brésil est une opportunité à saisir, à condition de défendre ses intérêts, de renforcer ses capacités et de s’engager dans la transition écologique mondiale.