Beyrouth –
Après plusieurs années d’effondrement économique, politique et social, le Liban amorce en 2025 une phase délicate de reconstruction et de stabilisation. Porté par l’élection d’un nouveau président et la formation d’un gouvernement, le pays fait face à des défis colossaux : relancer une économie dévastée, restaurer la confiance des citoyens et des investisseurs, et gérer les séquelles d’une guerre récente qui a aggravé une situation déjà critique. La Banque mondiale prévoit une croissance de 4,7% du PIB en 2025, mais cette perspective reste fragile, conditionnée à la mise en œuvre de réformes profondes et à la stabilité politique.
Une crise économique sans précédent
Depuis 2019, le Liban connaît un effondrement économique historique. Le PIB est passé de 52 milliards de dollars à environ 20 milliards en 2023, soit une contraction de près de 60% en seulement quatre ans. L’inflation a atteint des niveaux records, culminant à plus de 260% en 2023, tandis que la monnaie nationale, la livre libanaise, s’est effondrée face au dollar. Cette dépréciation a creusé les inégalités, rendant l’accès aux biens essentiels difficile pour la majorité de la population.
Le secteur bancaire, autrefois pilier de l’économie, est en quasi-faillite. Les restrictions sur les retraits et la fuite massive des capitaux ont détruit la confiance des déposants. La dollarisation informelle de l’économie a accentué la fracture sociale, avec une minorité ayant accès aux devises fortes et une majorité contrainte de vivre dans une économie en déclin.

Impact de la guerre et des crises successives
La guerre d’un an entre Israël et le Hezbollah, qui a ravagé plusieurs régions du pays entre septembre et novembre 2024, a porté un coup dur à une économie déjà fragile. Les destructions des infrastructures, estimées à plus de 3 milliards de dollars, et la paralysie des activités économiques ont accentué la récession, avec une contraction supplémentaire du PIB estimée entre 6 et 10% en 2024.
Les secteurs clés comme l’agriculture, le commerce et le tourisme, qui représentent 77% des pertes économiques, ont été particulièrement touchés, mettant en péril les moyens de subsistance d’une large part de la population. La pauvreté a explosé, touchant désormais plus de 80% des Libanais.
Une fragile reprise politique
L’élection d’un nouveau président et la formation d’un gouvernement en 2025 ont été saluées comme une opportunité majeure pour sortir de la paralysie politique. Cette nouvelle équipe est confrontée à la tâche ardue de restaurer la confiance, de négocier avec les créanciers internationaux et de lancer des réformes structurelles indispensables.
Cependant, les tensions confessionnelles et les divisions politiques restent profondes, freinant la mise en œuvre des mesures nécessaires. La communauté internationale, notamment le FMI et la Banque mondiale, conditionne son soutien à des réformes ambitieuses, notamment dans la gestion des finances publiques, la lutte contre la corruption et la restructuration de la dette.
Initiatives locales et solidarité
Face à l’effondrement des services publics, de nombreuses initiatives citoyennes et privées émergent pour pallier les défaillances. Des ONG, coopératives et acteurs économiques développent des projets dans l’agriculture durable, la santé communautaire et l’éducation. La diaspora libanaise joue un rôle crucial, avec des transferts de fonds estimés à 6,7 milliards de dollars en 2023, soit un tiers du PIB, soutenant directement les familles et l’économie informelle.
Perspectives économiques pour 2025
La Banque mondiale prévoit une croissance de 4,7% du PIB en 2025, portée par la reprise du tourisme, la consommation et des entrées de capitaux limitées. Cette croissance reste cependant fragile, dépendante de la stabilité politique et de l’évolution du contexte régional, notamment des tensions au Proche-Orient.
Le coût de la reconstruction est estimé à plus de 7 milliards de dollars, un défi majeur pour un pays en quasi-faillite. La modernisation des infrastructures, la relance des secteurs productifs et la protection sociale sont des priorités pour éviter une aggravation de la crise humanitaire.

Les défis à relever
- Réformes structurelles : restructuration de la dette publique, réforme du secteur bancaire, amélioration de la gouvernance et transparence.
- Stabilisation politique : dialogue inclusif, respect des équilibres confessionnels, renforcement des institutions.
- Reconstruction : mobilisation des financements internationaux, reconstruction des infrastructures détruites, soutien aux secteurs clés.
- Protection sociale : mise en place de filets de sécurité, accès aux services essentiels, lutte contre la pauvreté.
Conclusion
Le Liban est à un tournant historique. Après des années de crises successives, le pays doit conjuguer résilience sociale, réformes économiques et stabilité politique pour amorcer un redressement durable. Les espoirs sont réels mais fragiles, et la communauté internationale reste attentive à la capacité des nouvelles autorités à transformer cette opportunité en progrès concret.