Par Christian Sabba Wilson
Toute réflexion sur la République démocratique du Congo ne peut esquiver la complexité tragique d’un pays déchiré. Le conflit au sein de l’Est congolais, alimenté par le M23 et les appuis étrangers, est plus qu’un affrontement armé : il cristallise les contradictions d’un continent tout entier tiraillé entre promesses d’avenir et fractures anciennes.
À l’heure où certains pointent du doigt des influences étrangères, voire des agitateurs médiatiques comme une ombre portée, il est impératif de ne pas céder aux simplismes. Le jeu des puissances, avec ses calculs géopolitiques et ses hésitations morales, alimente certes les tensions, mais il n’en est pas la cause première. Celle-ci repose dans un tissu social fracturé, un héritage colonial non digéré, et une économie aux ressources inégalement réparties.
Or, l’humanité – en particulier les vastes cercles de frères et sœurs africains eux-mêmes – regarde, juge, et attend. Elle scrute l’ONU et les nations dites majeures, ces entités mondiales qui semblent vaciller sur leurs responsabilités, hésitant à déployer la force nécessaire au maintien de la paix. Ce silence complice alimente l’instabilité.
Ce grand pays, le cœur battant de l’Afrique centrale, a vu son histoire piétinée trop longtemps. Pourtant, au-delà des ruines de la violence et de la désespérance, une énergie intacte persiste. Un appel à l’élévation, à la grandeur retrouvée. Car la RDC est destinée à être plus qu’une zone de conflit : elle doit redevenir un phare de richesse humaine, culturelle et économique.

La paix ne viendra pas des discours creux ni des vaines promesses. Elle exige un engagement lucide, une politique courageuse, et la mobilisation sincère de toutes les forces vives – locales, régionales, internationales. La justice doit être rendue, la vérité révélée, et la solidarité européenne, américaine, asiatique et africaine doit s’unir.
Il est urgent de reconnaître que derrière chaque statistique, chaque déplacement, chaque vie perdue, se cache une histoire, une mémoire, une humanité que le monde ne peut continuer à ignorer. L’espoir n’est pas une chimère ; il est une décision. C’est la décision collective, enfin assumée, de reconstruire non seulement un État mais une nation dans son intégralité. Ceci n’est pas une utopie, mais une responsabilité impérative, imposée par le cours même de l’histoire et par l’appel continu de la conscience humaine