Les procès militaires pour civils, une dérive qui inquiète la société civile et la communauté internationale

Un retour en arrière pour la justice ougandaise

Le 17 juin 2025, l’Ouganda a officiellement rétabli la possibilité de juger des civils devant des tribunaux militaires, une décision qui provoque une vague d’indignation parmi les ONG, les avocats et la communauté internationale. Présentée par le gouvernement comme une réponse à la montée de l’insécurité et du terrorisme, cette mesure est dénoncée comme une atteinte grave à l’État de droit, à la séparation des pouvoirs et aux droits fondamentaux des citoyens.

Les raisons avancées par le gouvernement

Les autorités ougandaises justifient ce retour aux procès militaires pour civils par la nécessité de juger rapidement les affaires sensibles, notamment celles liées à la sécurité nationale, au terrorisme ou à la criminalité organisée. Elles affirment que les juridictions civiles sont débordées et que la situation sécuritaire exige des réponses exceptionnelles. Mais pour la société civile, il s’agit avant tout d’un outil de répression politique visant à museler l’opposition, les journalistes et les militants, dans un contexte de contestation sociale croissante.

Les critiques des ONG et des défenseurs des droits humains

Human Rights Watch, Amnesty International et de nombreuses organisations locales dénoncent une dérive autoritaire. Elles rappellent que les procès militaires ne garantissent pas les droits de la défense : absence d’avocats indépendants, huis clos, peines lourdes, impossibilité de faire appel. Plusieurs cas de torture, de détentions arbitraires et de condamnations injustifiées ont été documentés ces dernières années, particulièrement lors des périodes électorales ou de manifestations.

Un climat de peur, d’autocensure et de défiance

La perspective d’être jugé par un tribunal militaire pousse de nombreux activistes, journalistes et opposants à l’exil ou à l’autocensure. Les familles des personnes arrêtées vivent dans l’angoisse, sans accès à l’information ni à une justice équitable. Les médias indépendants, déjà fragilisés, redoutent une intensification des pressions et des censures. Ce climat de peur fragilise la société civile et affaiblit la confiance dans les institutions.

La réaction de la communauté internationale

L’Union africaine, l’ONU et plusieurs chancelleries occidentales ont exprimé leur préoccupation et appelé Kampala à respecter ses engagements internationaux. Des résolutions ont été adoptées pour demander la suspension des procès militaires pour civils et la réforme du système judiciaire. Le maintien de l’aide internationale pourrait être conditionné à des avancées en matière de droits humains. Les partenaires économiques et diplomatiques de l’Ouganda surveillent de près la situation, inquiets pour la stabilité régionale.

Les enjeux pour la démocratie ougandaise et l’Afrique de l’Est

Le recours aux tribunaux militaires pour juger des civils remet en cause la séparation des pouvoirs et la confiance dans les institutions. Il risque d’alimenter la répression politique, de fragiliser la démocratie et d’isoler davantage l’Ouganda sur la scène internationale. Pour les experts, il est urgent d’engager un dialogue national, de renforcer les garanties procédurales et de restaurer la confiance entre citoyens et institutions. Cette crise est aussi un test pour l’ensemble de la région, où d’autres pays observent de près la réaction de la communauté internationale.

Des pistes pour sortir de la crise et restaurer l’État de droit

La société civile ougandaise s’organise pour contester la mesure : manifestations pacifiques, recours devant les juridictions nationales et internationales, campagnes de sensibilisation. Les médias et les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans la mobilisation et la défense des droits humains. Les acteurs religieux, les syndicats et les associations professionnelles appellent à une réforme profonde du système judiciaire et à la protection des libertés fondamentales.

Conclusion : un test pour l’État de droit en Afrique de l’Est

La reprise des procès militaires pour civils en Ouganda est un signal d’alarme pour toute la région. La capacité du pays à garantir la justice, la liberté et la démocratie sera déterminante pour son avenir et pour l’exemple donné à l’Afrique de l’Est. Seule une mobilisation collective, nationale et internationale, pourra permettre de restaurer la primauté du droit et la confiance dans les institutions.

Related posts

Les influenceurs africains du voyage font exploser TikTok et Instagram

La folie des food trucks africains envahit les grandes villes d’Europe

Floribet béatifié au Vatican, l’Église congolaise en fête et en question