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Les femmes, moteurs du boom de la construction

par Africanova
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Introduction

La Somalie, pays longtemps associé à la guerre civile, à la piraterie et à l’instabilité, connaît aujourd’hui une transformation silencieuse mais profonde : un boom de la construction qui change le visage de ses villes et de ses campagnes. Au cœur de cette révolution urbaine, un acteur inattendu s’impose : les femmes. Ouvrières, ingénieures, entrepreneures ou cheffes de chantier, elles investissent un secteur historiquement masculin et contribuent à la reconstruction d’un pays en quête de stabilité et de modernité. Cet article, richement documenté, analyse le rôle clé des femmes dans la construction somalienne, les défis qu’elles relèvent, les succès obtenus et les perspectives pour l’avenir.

Un secteur en pleine expansion

Depuis la stabilisation relative de la situation sécuritaire à Mogadiscio et dans d’autres grandes villes, la Somalie assiste à une explosion de la demande en logements, infrastructures, commerces et bâtiments publics. L’urbanisation rapide, le retour de la diaspora et l’essor du secteur privé stimulent la construction de routes, d’écoles, d’hôpitaux et de quartiers résidentiels modernes. Selon les données du ministère somalien du Plan, le secteur du bâtiment représente désormais plus de 15 % du PIB urbain, un chiffre en constante augmentation.

Les investissements étrangers, notamment du Golfe et de la Turquie, jouent un rôle moteur, mais ce sont aussi les initiatives locales qui dynamisent le marché. Les chantiers se multiplient à Mogadiscio, Hargeisa, Bosaso et Kismayo, créant des milliers d’emplois et offrant de nouvelles opportunités économiques.

L’irruption des femmes sur les chantiers

Traditionnellement, la construction en Somalie était l’apanage des hommes, en raison de la pénibilité du travail, des normes sociales et de l’absence de formation technique pour les femmes. Mais depuis quelques années, la donne change. Poussées par la nécessité économique, l’émancipation et l’évolution des mentalités, de plus en plus de femmes rejoignent les équipes de maçons, de peintres, de carreleuses, d’électriciennes ou d’ingénieures.

Des ONG locales et internationales, comme CARE, Save the Children ou Somali Women Development Centre, soutiennent cette dynamique en proposant des formations professionnelles, des stages en entreprise et des microcrédits pour lancer des activités dans la construction. Les femmes sont ainsi présentes à tous les niveaux : ouvrières sur les chantiers, responsables de la logistique, architectes, ingénieures civiles et même dirigeantes de PME du BTP.

Témoignages de pionnières

Amina, 28 ans, est cheffe de chantier à Mogadiscio. Après une formation en génie civil, elle a gravi les échelons dans une grande entreprise de construction. « Au début, les ouvriers ne me prenaient pas au sérieux. Mais j’ai prouvé que je connaissais mon métier, que je pouvais gérer une équipe et respecter les délais. Aujourd’hui, je supervise la construction d’un nouvel hôpital. »

Fatuma, 35 ans, a monté sa propre entreprise de peinture et de décoration intérieure. « J’ai commencé seule, avec quelques outils. Maintenant, j’emploie dix femmes, toutes issues de quartiers défavorisés. Nous avons travaillé sur des écoles, des maisons, des hôtels. Les clients apprécient notre sérieux et notre souci du détail. »

Ces récits illustrent la diversité des parcours et la capacité d’adaptation des femmes somaliennes dans un environnement encore difficile.

Les défis à relever

Malgré ces succès, les obstacles restent nombreux. Les préjugés sociaux persistent, certains hommes refusant de travailler sous l’autorité d’une femme ou doutant de leurs compétences techniques. Les femmes sont parfois confrontées au harcèlement, à la discrimination salariale et à un accès limité aux financements.

La sécurité sur les chantiers est aussi un enjeu majeur : en l’absence de normes strictes, les risques d’accidents sont élevés, et les équipements de protection individuelle font souvent défaut. Les syndicats et les associations militent pour une meilleure réglementation, des salaires équitables et la reconnaissance officielle des qualifications acquises.

Un impact social et économique majeur

L’irruption des femmes dans la construction a des effets positifs bien au-delà du secteur. Elle contribue à l’autonomisation économique, à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration du statut social des femmes. Les revenus générés permettent de financer l’éducation des enfants, d’accéder à la santé et de soutenir l’économie locale.

Sur le plan urbain, la présence des femmes sur les chantiers favorise la prise en compte de leurs besoins dans la conception des espaces publics, des logements et des infrastructures. Des quartiers plus sûrs, des écoles mieux adaptées, des hôpitaux plus accessibles : autant d’exemples d’une ville pensée aussi par et pour les femmes.

Vers une nouvelle génération de leaders

La réussite des femmes dans la construction inspire une nouvelle génération de jeunes filles. Les universités et les écoles techniques enregistrent une hausse des inscriptions féminines dans les filières du BTP, de l’architecture et de l’ingénierie. Des concours, des prix et des campagnes de sensibilisation valorisent les parcours exemplaires et encouragent l’ambition.

Le gouvernement somalien, conscient du potentiel, a lancé des programmes de soutien à l’entrepreneuriat féminin et d’intégration dans les marchés publics. La Banque mondiale et l’Union africaine appuient ces initiatives, considérant la participation des femmes comme un levier de développement et de paix durable.

Les perspectives d’avenir

Si la tendance se confirme, la Somalie pourrait devenir un modèle en Afrique de l’Est pour l’inclusion des femmes dans les métiers de la construction. Les experts estiment que la généralisation de la formation, l’accès au crédit et la lutte contre les discriminations permettront d’atteindre un seuil critique, où la présence féminine deviendra la norme plutôt que l’exception.

À terme, l’essor du secteur du bâtiment, porté par les femmes, pourrait accélérer la reconstruction du pays, renforcer la cohésion sociale et offrir une alternative à l’exil ou à la précarité. Les défis restent immenses – instabilité politique, fragilité économique, pressions culturelles – mais l’espoir est là, porté par des milliers de femmes déterminées à bâtir l’avenir.

Conclusion

Le boom de la construction en Somalie est l’un des visages les plus prometteurs du renouveau national. Au cœur de cette dynamique, les femmes jouent un rôle moteur, brisant les barrières, innovant et inspirant toute une société. Leur contribution à la reconstruction du pays mérite d’être reconnue, soutenue et valorisée. Pour suivre l’évolution de la place des femmes dans l’économie africaine et découvrir d’autres histoires de résilience, restez connectés sur Africanova.

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