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Les femmes en première ligne contre la déscolarisation des filles

par Africanova
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Au Tchad, l’accès à l’éducation des filles demeure un défi majeur, tiraillé entre pauvreté persistante, conflits récurrents et traditions ancestrales. Pourtant, dans ce contexte difficile, les femmes tchadiennes prennent la tête d’une véritable révolution silencieuse : elles luttent chaque jour pour que leurs filles – et celles des autres – restent sur le chemin de l’école. Leur mobilisation commence à porter ses fruits, inspirant de nouvelles politiques publiques et modifiant peu à peu les mentalités.

Un environnement hostile pour la scolarisation des filles

Le Tchad affiche l’un des plus faibles taux de scolarisation des filles d’Afrique subsaharienne : selon l’UNICEF, à peine une sur trois termine le primaire, et moins de 10% arrivent au bout du secondaire. Les raisons sont multiples : mariages et grossesses précoces, travail domestique, manque d’infrastructures et, dans certaines zones, violences liées à des déplacements de population. S’ajoutent la pauvreté, le coût caché des fournitures, et l’absence de modèles féminins dans les zones rurales.

Quand les mères prennent les rênes

Face à cet état d’urgence éducatif, les femmes s’organisent. Dans la région du Mayo-Kebbi, un collectif de mères a convaincu l’école locale d’ouvrir une cantine communautaire pour inciter les familles à scolariser leurs filles, en échange d’un repas quotidien. Dans les quartiers populaires de N’Djamena, grâce à des micro-crédits, des femmes financent elles-mêmes l’achat d’uniformes, de cahiers ou l’accès aux transports.

Plus inspirant encore, le phénomène des « ambassadrices de la scolarisation » : des anciennes institutrices sillonnent les villages pour sensibiliser les notables et contrer les préjugés sur l’école des filles. Certaines organisent des pièces de théâtre, d’autres forment des relais de jeunes femmes qui vont frapper à chaque porte lorsque démarre l’année scolaire.

Un impact mesuré, mais concret

Ces initiatives non-gouvernementales, souvent discrètes, ont permis des progrès notables. Selon une récente étude conduite par une ONG française, la fréquentation scolaire des filles a progressé de 12 % dans les secteurs où ces réseaux féminins sont actifs. Plus impressionnant encore : le taux de redoublement a nettement chuté, et certains collèges de brousse affichent désormais une majorité féminine dans les premières classes.

L’implication des mères et des grand-mères a, par ailleurs, transformé la perception masculine de l’école, poussant certains chefs de famille à s’engager personnellement dans la lutte contre la déscolarisation.

Malgré les obstacles, la marche continue

Pour autant, de nombreux défis subsistent. La situation sécuritaire reste fragile ; les ressources publiques sont rares ; l’accès aux livres et aux enseignants qualifiés, encore plus limité dans le monde rural. Les activistes féminines et les associations demandent plus : multiplication des écoles satellites, gratuité des fournitures, campagnes nationales de sensibilisation diffusées à la radio et à la télévision.

Des actions de plaidoyer émergent, portées par des diplômées tchadiennes qui militent pour des bourses ciblées ou la réintégration des jeunes mères dans les parcours scolaires.

Un espoir pour une nouvelle génération

Si le Tchad parvient à entretenir et accélérer cette dynamique, il pourrait devenir un modèle régional. La bataille pour l’éducation des filles ne repose plus seulement sur les ONG ou l’État ; elle s’enracine désormais chez celles qui, chaque jour, se battent pour “donner à leurs filles la vie qu’elles n’ont pas eue”. Et c’est peut-être là le véritable moteur du changement.

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