Depuis la réélection du président Donald Trump en 2024, la politique étrangère américaine amorce un virage net vers un protectionnisme géopolitique d’un autre âge. Le cas du Venezuela illustre parfaitement ce basculement. Sous couvert de lutte contre l’autoritarisme et la drogue, Washington redéploie ses réseaux militaires et diplomatiques en Amérique latine, faisant ressurgir les fantômes de la doctrine Monroe, celle du “l’Amérique aux Américains”.
Le Venezuela, en crise permanente depuis l’ère Maduro, reste un enjeu énergétique majeur. Sa production pétrolière, bien que diminuée, demeure stratégique pour les marchés mondiaux. En 2025, le gouvernement américain a renforcé ses sanctions économiques tout en soutenant discrètement l’opposition, espérant un renversement du pouvoir.
Ce regain d’ingérence provoque des tensions régionales considérables. Cuba, le Mexique et le Brésil dénoncent une politique impérialiste déguisée. Caracas, de son côté, exploite cette situation pour cimenter son alliance avec la Russie, la Chine et l’Iran. Une configuration géopolitique qui rappelle la guerre froide.

Donald Trump, persuadé que la faiblesse américaine des années Biden avait affaibli l’influence des États‑Unis dans leur “arrière‑cour”, assume publiquement sa stratégie d’endiguement. Les exercices navals américains au large des Caraïbes et la réactivation de bases colombiennes illustrent cette posture de force.
En parallèle, Washington craint une pénétration chinoise dans les infrastructures vénézuéliennes. Les ports, réseaux de télécommunication et raffineries du pays sont désormais en partie administrés par des consortiums sino‑russes.
Cette confrontation nouvelle redessine les blocs de solidarité mondiale. Pour de nombreux observateurs africains, elle annonce un retour des zones d’influence exclusives, à rebours de l’ordre multipolaire naissant.
La doctrine Monroe 2.0, nourrie par l’idéologie nationaliste américaine, replace Washington comme puissance hégémonique régionale, mais accentue les fractures idéologiques entre le Nord et le Sud.
Derrière le face‑à‑face Washington‑Caracas, se cache une question universelle : les nations émergentes ont‑elles encore le droit de choisir librement leur alignement ? Cette interrogation résonne aussi bien à Caracas qu’à Nairobi, Addis‑Abeba ou Johannesburg.