Nairobi – Dans une déclaration qui a surpris la classe politique et la société civile, le président kényan William Ruto a annoncé la construction prochaine d’une méga-église au sein même du palais présidentiel. Ce projet, inédit dans l’histoire du pays, soulève de nombreuses interrogations sur la place de la religion dans la sphère publique et sur les priorités du gouvernement.
Un projet spirituel au sommet de l’État
Devant un parterre de fidèles et de responsables religieux réunis dans les jardins de State House, William Ruto a justifié son initiative en invoquant la nécessité de « placer Dieu au cœur de la nation ». « Le diable peut être en colère et faire ce qu’il veut, mais nous, nous placerons notre confiance en Dieu », a-t-il déclaré, déclenchant une salve d’applaudissements.
Le président, connu pour son engagement chrétien affiché, souhaite faire de cette église un lieu de prière ouvert à tous, mais aussi un symbole de l’unité nationale. Selon ses proches, le projet sera financé par des dons privés et des partenaires religieux, sans peser sur le budget de l’État.
Des réactions contrastées
Si une partie de la population, majoritairement chrétienne, accueille favorablement l’initiative, d’autres voix s’élèvent pour dénoncer une instrumentalisation de la foi à des fins politiques. Les défenseurs de la laïcité s’inquiètent d’une possible confusion entre pouvoirs spirituel et temporel, tandis que l’opposition y voit une manœuvre de diversion face aux difficultés économiques du pays.
Des représentants des autres confessions religieuses appellent, quant à eux, à la vigilance et à l’inclusion, rappelant la diversité du paysage religieux kényan.

Un débat sur les priorités nationales
Dans un contexte de chômage élevé, d’inflation et de tensions sociales, certains analystes s’interrogent sur l’opportunité d’un tel projet. « Le Kenya a besoin d’investir dans l’éducation, la santé et l’emploi, pas dans des symboles religieux », estime un éditorialiste du Daily Nation.
Le gouvernement, de son côté, insiste sur la dimension spirituelle et sociale de l’initiative, affirmant que la foi peut être un moteur de paix et de cohésion.
La religion, un enjeu politique en Afrique de l’Est
L’annonce de William Ruto s’inscrit dans une tendance plus large en Afrique de l’Est, où de nombreux dirigeants n’hésitent plus à afficher publiquement leur foi. Un choix qui peut renforcer leur légitimité auprès de certains électorats, mais aussi susciter des polémiques sur la séparation des pouvoirs et la gestion des deniers publics.