Aller au contenu principal
Accueil Actualités Le président Goïta accueilli à Moscou, nouvelle ère russo-malienne

Le président Goïta accueilli à Moscou, nouvelle ère russo-malienne

par Africanova
0 commentaires

Bamako/Moscou – Le déplacement du président malien Assimi Goïta à Moscou, accueilli avec les honneurs par Vladimir Poutine, marque un tournant majeur dans la diplomatie africaine contemporaine. Cette visite officielle, la première du genre depuis la rupture progressive entre Bamako et ses partenaires occidentaux, s’inscrit dans une stratégie assumée de diversification des alliances et de redéfinition des équilibres géopolitiques au Sahel.

Un rapprochement stratégique dans un contexte de tensions avec l’Occident

Depuis le coup d’État d’août 2020, puis la consolidation du pouvoir par les militaires, le Mali s’est progressivement éloigné de la France et des institutions européennes, accusées d’ingérence et d’inefficacité dans la lutte contre le terrorisme. La fin de l’opération Barkhane, le retrait des troupes françaises et la suspension de l’aide européenne ont laissé un vide sécuritaire et diplomatique que Moscou s’est empressé de combler. La Russie, déjà présente via le groupe Wagner, consolide ainsi sa position de partenaire incontournable pour la junte malienne.

Le président Goïta, accompagné d’une délégation de ministres et de conseillers militaires, a été reçu au Kremlin avec tous les symboles d’une alliance stratégique : entretien en tête-à-tête avec Vladimir Poutine, signature d’accords bilatéraux dans les domaines de la défense, de l’énergie et des mines, et promesses d’une coopération accrue en matière de formation et d’équipement militaire. Le message est clair : le Mali entend s’affranchir de la tutelle occidentale et s’ouvrir à de nouveaux partenaires.

La coopération militaire au cœur de la nouvelle relation

L’un des axes majeurs de la visite concerne la coopération militaire. Depuis deux ans, la présence de mercenaires russes du groupe Wagner au Mali fait l’objet de vives critiques de la part des chancelleries occidentales et des organisations de défense des droits humains. Bamako, de son côté, défend ce partenariat comme une réponse pragmatique à l’insécurité persistante dans le centre et le nord du pays. Les autorités maliennes saluent l’efficacité des conseillers russes dans la formation des forces armées et la fourniture d’équipements adaptés aux réalités du terrain sahélien.

La visite à Moscou a permis de renforcer cette coopération, avec l’annonce de nouveaux contrats d’armement, la livraison de matériels lourds et la perspective d’une formation accrue des officiers maliens dans les académies militaires russes. Pour le pouvoir malien, il s’agit d’afficher sa souveraineté et sa capacité à choisir librement ses partenaires, tout en répondant à la demande de sécurité de la population.

Des enjeux économiques et énergétiques déterminants

Au-delà du volet sécuritaire, la visite du président Goïta à Moscou vise à élargir la coopération économique. Le Mali, confronté à une crise énergétique aiguë et à la nécessité de diversifier ses ressources, s’intéresse de près à l’expertise russe dans les domaines du nucléaire civil, de l’exploitation minière et de l’agriculture. Plusieurs protocoles d’accord ont été signés pour le développement de projets d’infrastructures, la modernisation des réseaux électriques et l’exploration de nouveaux gisements miniers.

La Russie, de son côté, voit dans le Mali un partenaire stratégique pour renforcer sa présence en Afrique de l’Ouest, accéder à des ressources naturelles et asseoir son influence face à la concurrence chinoise et occidentale. L’enjeu est également symbolique : Moscou capitalise sur son image de « partenaire fiable » qui n’impose pas de conditionnalités politiques ou de normes de gouvernance.

Réactions et inquiétudes de la communauté internationale

Ce rapprochement russo-malien suscite l’inquiétude des partenaires traditionnels du Mali. L’Union européenne, la France et les États-Unis dénoncent un « tournant autoritaire » et s’alarment de la présence de Wagner, accusé de violations des droits humains et d’exactions contre les civils. Les organisations internationales mettent en garde contre le risque d’isolement du Mali et la dégradation de la situation humanitaire, alors que le pays reste confronté à la menace djihadiste et à une crise alimentaire majeure.

Au sein de la société civile malienne, les avis sont partagés. Certains saluent la diversification des alliances comme une affirmation de souveraineté et un acte de rupture avec l’ordre postcolonial. D’autres redoutent une dépendance accrue à l’égard de Moscou et s’inquiètent du manque de transparence entourant les accords signés.

Un tournant pour le Sahel et l’Afrique de l’Ouest

La visite d’Assimi Goïta à Moscou s’inscrit dans une tendance plus large de redéploiement diplomatique en Afrique. Plusieurs pays sahéliens, confrontés à l’instabilité et au désengagement des partenaires occidentaux, se tournent vers de nouveaux alliés : Russie, Chine, Turquie, pays du Golfe. Cette recomposition des alliances pourrait rebattre les cartes de la sécurité régionale et de la coopération internationale.

Pour le Mali, l’enjeu est double : garantir sa sécurité et relancer son développement dans un contexte de sanctions, d’isolement et de défiance internationale. La réussite de ce pari dépendra de la capacité du pouvoir à répondre aux attentes de la population, à restaurer la confiance et à éviter les dérives autoritaires.

La nouvelle ère russo-malienne, scellée à Moscou, ouvre une page incertaine mais décisive pour l’avenir du pays et du Sahel. Entre espoirs de souveraineté retrouvée et risques d’isolement, le Mali avance sur une ligne de crête, sous l’œil attentif d’une communauté internationale en pleine recomposition.

VOUS POUVEZ AUSSI AIMER

Laissr un commentaire

Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?
WP Radio
WP Radio
OFFLINE LIVE
-
00:00
00:00
Update Required Flash plugin
-
00:00
00:00