En 2025, le Lesotho s’impose comme un laboratoire de la transition numérique en Afrique. Petit royaume enclavé au sein de l’Afrique australe, le Lesotho s’est lancé dans une ambitieuse stratégie de digitalisation, misant sur l’innovation, l’inclusion sociale et la souveraineté technologique. Ce pari audacieux porte déjà ses fruits : amélioration de la gouvernance, accès élargi aux services publics, essor des fintechs et montée en compétences de la jeunesse. Analyse d’un modèle qui inspire le continent et pose les jalons d’une Afrique numérique souveraine et inclusive.
Un contexte de défis et d’opportunités
Le Lesotho, avec ses deux millions d’habitants, fait face à des défis classiques : enclavement, dépendance économique à l’Afrique du Sud, pauvreté rurale, exode des jeunes. Mais le pays a décidé de transformer ses faiblesses en opportunités grâce au numérique. Dès 2020, le gouvernement a adopté une stratégie nationale de digitalisation, soutenue par la Banque africaine de développement, la Banque mondiale et des partenaires privés.
L’objectif : faire du numérique un levier de développement, d’inclusion et de résilience. En 2025, plus de 70 % des Basotho ont accès à Internet mobile, et le pays affiche l’un des taux de pénétration numérique les plus élevés d’Afrique australe.
Gouvernance et services publics digitalisés
La digitalisation de l’administration est l’un des piliers du modèle lesothan. Le gouvernement a mis en place une plateforme unique de services publics en ligne : état civil, paiement des impôts, enregistrement des entreprises, accès aux aides sociales, tout passe désormais par le numérique. Cette modernisation a permis de réduire la corruption, d’accélérer les démarches administratives et d’améliorer la transparence.
Le Lesotho a également instauré l’identification biométrique universelle, facilitant l’accès aux services pour tous, y compris dans les zones rurales isolées. Cette innovation a été saluée par l’Union africaine comme un modèle de bonne pratique pour le continent.
Inclusion financière et essor des fintechs
L’inclusion financière est un autre axe fort. Grâce à la généralisation du mobile banking, des fintechs locales et des partenariats avec les opérateurs télécoms, plus de 80 % de la population adulte dispose désormais d’un compte mobile. Les transferts d’argent, les paiements de factures, la micro-épargne et l’accès au crédit sont facilités, même dans les villages reculés.
Des startups comme MobiCash, BasothoPay ou DigiAgri proposent des solutions adaptées aux réalités locales : micro-assurance agricole, paiement des frais scolaires, financement participatif pour les petits entrepreneurs. Ce dynamisme fait du Lesotho un hub régional pour l’innovation financière.
Éducation, santé et compétences numériques
Le gouvernement a massivement investi dans l’éducation numérique : équipements informatiques dans les écoles, formation des enseignants, développement de MOOC en langues locales. Les universités et les centres de formation proposent des cursus en programmation, cybersécurité, data science et entrepreneuriat digital.

Dans le secteur de la santé, la télémédecine et les plateformes de suivi des patients facilitent l’accès aux soins, notamment pour les populations rurales et les malades chroniques. Les campagnes de sensibilisation à la santé reproductive, au VIH/Sida et à la vaccination sont désormais menées via SMS, applications mobiles et réseaux sociaux.
Souveraineté digitale et cybersécurité
Conscient des risques liés à la dépendance technologique, le Lesotho a fait de la souveraineté digitale une priorité. Le pays a développé son propre cloud souverain, hébergeant les données publiques sur le territoire national. Des lois strictes encadrent la protection des données personnelles, la cybersécurité et la lutte contre la cybercriminalité.
Le Lesotho participe activement aux initiatives panafricaines pour l’harmonisation des normes numériques, la mutualisation des infrastructures et la défense des intérêts africains face aux géants du web.
Défis et perspectives
Malgré ses succès, le Lesotho doit relever plusieurs défis : fracture numérique persistante entre les villes et les zones rurales, coût élevé des équipements, pénurie d’ingénieurs et de développeurs, dépendance aux infrastructures sud-africaines pour la connectivité internationale.
Le pays mise sur la coopération régionale, la formation continue et l’innovation locale pour consolider ses acquis et devenir un modèle exportable à l’échelle africaine.
Conclusion
Le Lesotho prouve qu’avec une vision claire, des partenariats solides et une volonté politique affirmée, même un petit pays peut devenir un leader de la transition numérique africaine. Son expérience inspire le continent et ouvre la voie à une Afrique digitale, inclusive et souveraine