Introduction
Le Mali, au cœur du Sahel, vit une nouvelle secousse institutionnelle avec la promulgation d’une loi accordant au général Assimi Goïta un mandat présidentiel illimité. Cette décision, prise dans un contexte de transition politique et de crise sécuritaire persistante, soulève de vives inquiétudes tant à l’intérieur du pays qu’au sein de la communauté internationale.
Contexte politique et sécuritaire
Depuis le coup d’État de 2021, le Mali est dirigé par une junte militaire conduite par le colonel, puis général, Assimi Goïta. Alors que la transition devait déboucher sur un retour à l’ordre constitutionnel, les échéances électorales ont été repoussées à plusieurs reprises, alimentant la défiance d’une partie de la population et des partenaires internationaux.
Les faits marquants
- Adoption de la loi : Le 10 juillet 2025, l’Assemblée nationale de transition, dominée par les proches du pouvoir, a adopté à une large majorité une loi conférant au président Goïta la possibilité de renouveler indéfiniment son mandat, sans limitation de durée.
- Justification officielle : Le gouvernement justifie cette mesure par la nécessité de garantir la stabilité du Mali face à la menace terroriste et à la fragilité des institutions civiles.
- Réactions populaires : Dans les rues de Bamako et dans plusieurs villes du pays, des manifestations spontanées ont éclaté, rassemblant des citoyens inquiets pour l’avenir démocratique du Mali.
Enjeux et analyses
- Consolidation du pouvoir : Cette réforme institutionnelle marque une rupture avec l’engagement initial de la junte à organiser des élections libres. Elle consacre la mainmise de l’armée sur l’appareil d’État, au détriment des principes démocratiques.
- Crise de confiance : Les partis politiques, la société civile et la presse indépendante dénoncent une dérive autoritaire et réclament la mise en place d’un calendrier électoral crédible.
- Impact régional : Le Mali, déjà isolé diplomatiquement après sa sortie de la CEDEAO, risque de s’enfoncer davantage dans l’isolement, alors que la région sahélienne fait face à une montée des groupes armés et à une déstabilisation croissante.
Réactions et perspectives
- Au sein de l’armée : Si la hiérarchie militaire affiche son unité autour de Goïta, des dissensions internes pourraient émerger à moyen terme, notamment parmi les jeunes officiers aspirant à une transition démocratique.
- Dans la société civile : Les ONG, les syndicats et les associations de jeunes multiplient les appels à la mobilisation pacifique et à la résistance civile.
- À l’international : L’Union africaine, l’Union européenne et les Nations unies ont exprimé leur “profonde préoccupation”, appelant le Mali à respecter ses engagements en faveur d’une transition inclusive et rapide.
Conclusion
La décision du général Assimi Goïta d’instaurer un mandat présidentiel illimité marque un tournant décisif pour le Mali. Si la stabilité à court terme est invoquée, le risque d’un enlisement autoritaire et d’une contestation populaire grandissante pourrait fragiliser davantage le pays. L’avenir du Mali dépendra de la capacité de ses acteurs à renouer avec le dialogue, la confiance et la légitimité démocratique.
