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Le franc CFA : ce que pense la France – Réforme attendue, critiques européennes et la vision d’Emmanuel Macron

par Africanova
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Introduction

Le franc CFA, longtemps symbole de la coopération monétaire entre la France et 14 pays africains, cristallise aujourd’hui débats et passions. Accusé par certains d’être un vestige du colonialisme, défendu par d’autres pour sa stabilité, il est au cœur d’une réforme historique annoncée en 2019. Mais que pense la France, alors que les critiques s’intensifient, y compris en Europe, et que le président Emmanuel Macron a fait de la transformation du CFA un marqueur de sa politique africaine ? Analyse approfondie d’une réforme attendue, entre héritage, souveraineté et repositionnement stratégique.

1. Le franc CFA : entre héritage historique et stabilité monétaire

Créé en 1945, le franc CFA a longtemps été perçu comme un instrument de stabilité pour les économies d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Sa parité fixe avec l’euro (anciennement le franc français), garantie par le Trésor français, a permis de contenir l’inflation et d’attirer les investisseurs étrangers34. Mais ce système, fondé sur des accords de coopération monétaire, a aussi été critiqué pour son manque de flexibilité et sa dépendance vis-à-vis de Paris.

La France, officiellement, a toujours défendu le CFA comme un outil de stabilité et de développement, tout en reconnaissant la nécessité d’évolution face aux attentes des sociétés africaines et à la montée des critiques sur la souveraineté monétaire16.

2. La réforme du CFA : une réponse à la pression politique et sociale

En décembre 2019, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara annoncent à Abidjan une réforme historique du CFA pour l’Afrique de l’Ouest : le passage à une nouvelle monnaie, l’Eco, la suppression de l’obligation de centralisation des réserves de change à Paris, et le retrait de la France des instances de gouvernance12567. Cette réforme vise à répondre à la jeunesse africaine et aux mouvements sociaux qui dénonçaient le CFA comme un « vestige de la Françafrique »256.

« J’ai entendu les critiques, je vois votre jeunesse qui nous reproche de continuer une relation qu’elle juge postcoloniale. Donc rompons les amarres », déclarait Emmanuel Macron lors de l’annonce de la réforme6.

La France acte ainsi la fin de son rôle direct dans la gestion du CFA, tout en maintenant une garantie de convertibilité et la parité fixe avec l’euro, considérée comme un pilier de stabilité régionale124.

3. La position officielle de la France : garant, mais plus gestionnaire

Désormais, la France se positionne comme un « strict garant financier » de la zone, sans ingérence dans la gouvernance monétaire25. Selon le ministère des Affaires étrangères, « le rôle de la France évolue pour devenir celui d’un strict garant financier de la zone »2. Paris insiste sur le fait que le choix du nom de la devise, la gestion des réserves et la gouvernance appartiennent désormais aux partenaires africains1.

La France continue toutefois d’assurer la convertibilité de la monnaie et la stabilité de la parité avec l’euro, considérant que ces éléments sont essentiels pour la confiance des investisseurs et la stabilité macroéconomique46.

4. Critiques européennes et débats internationaux

La réforme du CFA ne fait pas l’unanimité, y compris en Europe. Certains responsables, à l’image de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, ont publiquement critiqué le système CFA, l’accusant de perpétuer une forme de dépendance économique et de freiner le développement africain. Ces critiques européennes rejoignent parfois celles de la société civile africaine, qui réclame une rupture totale avec l’héritage colonial et une monnaie pleinement souveraine.

En France même, le débat reste vif : si une partie de la classe politique et des économistes défend la réforme comme une étape vers l’émancipation, d’autres estiment qu’elle ne va pas assez loin, la parité fixe et la garantie française restant des points de friction68.

5. La vision d’Emmanuel Macron : une nouvelle page avec l’Afrique

Pour Emmanuel Macron, la réforme du CFA s’inscrit dans une volonté de « renouveler la relation » entre la France et l’Afrique, en tournant la page de la Françafrique et en valorisant la souveraineté des partenaires africains256. Le président français a multiplié les gestes symboliques et les déclarations pour accompagner cette transition, tout en plaidant à l’échelle internationale pour un soutien accru aux économies africaines, notamment face à la crise du coronavirus2.

La France se veut désormais un partenaire parmi d’autres, misant sur la coopération, l’investissement et la diplomatie économique, plutôt que sur la tutelle monétaire.

6. Les enjeux de la réforme : stabilité, souveraineté et avenir du partenariat

La réforme du CFA répond à une triple exigence :

  • Stabilité monétaire : Maintenir une monnaie crédible et stable, essentielle pour les échanges et l’attractivité régionale.
  • Souveraineté accrue : Permettre aux États africains de décider de leur politique monétaire et de la gestion de leurs réserves.
  • Renouvellement du partenariat : Inscrire la relation franco-africaine dans une logique de respect mutuel et d’égalité.

La France reste ouverte à de nouvelles évolutions, notamment en Afrique centrale où la CEMAC réfléchit à des réformes similaires68.

7. Perspectives et incertitudes

Si la réforme est saluée comme une avancée, elle soulève de nombreux défis : la mise en place de l’Eco est retardée par des divergences entre pays membres, la question de la parité fixe reste sensible, et la stabilité macroéconomique demeure un enjeu majeur. La France, de son côté, assure qu’elle accompagnera ses partenaires africains dans la transition, tout en respectant leur souveraineté.

Conclusion

La position de la France sur le franc CFA a profondément évolué sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, passant d’un rôle gestionnaire à celui de garant, dans une logique de réforme et de respect de la souveraineté africaine. Face aux critiques africaines et européennes, Paris défend une approche pragmatique, misant sur la stabilité et le renouvellement du partenariat.
L’avenir du CFA, puis de l’Eco, dépendra désormais des choix des États africains et de leur capacité à construire une union monétaire forte et indépendante.

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