Ouagadougou, 22 avril 2025 – Le Burkina Faso, déjà confronté à une insécurité chronique depuis près d’une décennie, a vécu une nouvelle nuit de tension après l’annonce officielle du gouvernement : une tentative de coup d’État a été déjouée de justesse par les forces de sécurité. Cet événement, loin d’être isolé, s’inscrit dans une séquence régionale marquée par l’instabilité politique, la montée des groupes armés et la fragilité des institutions. Face à cette situation, les autorités de transition, dirigées par le capitaine Ibrahim Traoré, ont décidé de renforcer de manière significative le dispositif sécuritaire sur l’ensemble du territoire.
Une tentative de putsch révélatrice des fragilités internes
Selon le communiqué du gouvernement, la tentative de coup d’État a été orchestrée par un groupe d’officiers dissidents, cherchant à exploiter la lassitude d’une partie de la population et les failles du système sécuritaire. L’opération, rapidement neutralisée grâce à la vigilance des services de renseignement et à la loyauté de l’armée régulière, a permis l’arrestation de plusieurs suspects. Le pouvoir en place a immédiatement rassuré la population, tout en dénonçant des « forces obscures » cherchant à déstabiliser le pays.
Cette tentative avortée n’est pas la première. Depuis la chute du président Blaise Compaoré en 2014, le Burkina Faso a connu plusieurs épisodes similaires, témoignant de la difficulté à instaurer une stabilité durable. La transition politique, amorcée après le dernier putsch en 2022, reste fragile, avec un calendrier électoral sans cesse repoussé, officiellement pour des raisons de sécurité.
Sécurité nationale : une priorité absolue
Dans la foulée de cet événement, le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a pris la parole pour réaffirmer la détermination de l’État à défendre les institutions et à garantir la sécurité des citoyens. « La sécurité du Burkina Faso n’est pas négociable. Nous ne céderons ni à la peur ni à la division », a-t-il martelé lors d’une allocution télévisée.
Concrètement, plusieurs mesures ont été annoncées :
- Renforcement des effectifs militaires dans les zones stratégiques, notamment au nord et à l’est, où les groupes djihadistes sont les plus actifs.
- Déploiement de forces spéciales dans la capitale et les grandes villes, pour prévenir toute nouvelle tentative de déstabilisation.
- Contrôles accrus aux frontières, en coopération avec les pays voisins, afin d’empêcher l’infiltration de groupes armés.
- Mise en place de dispositifs de surveillance électronique, drones et caméras, pour anticiper les mouvements suspects.

Le gouvernement a également lancé un appel à la vigilance citoyenne, invitant la population à signaler tout comportement suspect et à collaborer avec les forces de l’ordre.
Le terrorisme, une menace toujours présente
Au-delà des tentatives de putsch, le Burkina Faso reste l’un des pays les plus touchés par le terrorisme au Sahel. Depuis 2015, les attaques de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique se sont multipliées, provoquant la mort de milliers de civils et de militaires. Selon les chiffres de l’ONU, plus de deux millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, fuyant les violences et l’insécurité.
Les écoles, les centres de santé et les marchés sont régulièrement ciblés, plongeant des régions entières dans le chaos. Les autorités, malgré des moyens limités, tentent de restaurer l’autorité de l’État, mais la tâche est immense. La coopération régionale, notamment avec le Niger, le Mali et la Côte d’Ivoire, est jugée essentielle pour endiguer la progression des groupes armés.
Une société civile mobilisée mais inquiète
Face à cette situation, la société civile burkinabè joue un rôle crucial. Associations, ONG et leaders communautaires appellent à l’unité nationale et à la résistance face aux forces de division. Plusieurs manifestations de soutien à l’armée ont eu lieu dans les jours suivant la tentative de coup d’État, signe d’une population lassée par l’instabilité mais résolue à défendre la démocratie.
Cependant, des voix s’élèvent aussi pour demander plus de transparence sur les circonstances du putsch avorté et sur les véritables intentions du pouvoir de transition. Le report répété des élections et la concentration des pouvoirs inquiètent certains observateurs, qui redoutent une dérive autoritaire sous couvert de lutte contre l’insécurité.
Enjeux régionaux et internationaux
La stabilité du Burkina Faso est un enjeu majeur pour l’ensemble du Sahel. Toute déstabilisation du pays aurait des répercussions directes sur les voisins, déjà fragilisés par des crises similaires. La communauté internationale, notamment l’Union africaine et la CEDEAO, suit de près l’évolution de la situation, tout en appelant au respect des engagements démocratiques.
La France, longtemps partenaire sécuritaire du Burkina Faso, a vu son influence diminuer ces dernières années, au profit d’une coopération accrue avec la Russie et la Turquie. Ce réalignement stratégique suscite des débats sur l’avenir de la politique étrangère du pays et sur sa capacité à préserver sa souveraineté.
Perspectives : entre espoir et incertitude
Le Burkina Faso, à la croisée des chemins, doit relever un double défi : restaurer la sécurité tout en préparant une transition politique crédible. La résilience de la population, la mobilisation de la société civile et l’engagement des forces de sécurité sont autant de facteurs d’espoir. Mais la route vers la stabilité reste semée d’embûches, dans un contexte régional explosif.