ADDIS-ABEBA, Éthiopie – Alors que l’Afrique s’efforce de maintenir sa trajectoire de croissance économique, l’inflation demeure un obstacle majeur. Cependant, selon un récent rapport de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations Unies, une lueur d’espoir se profile à l’horizon.
« L’inflation moyenne en Afrique devrait passer de 16,1% en 2024 à 12,6% en 2025, puis à 9,9% en 2026 », annonce le Dr. Hanan Morsy, économiste en chef de la CEA, lors de la présentation du rapport « Economic Report on Africa 2025 » à Addis-Abeba. « Cette tendance à la baisse est encourageante, mais nous ne devons pas baisser la garde. »
Les causes de l’inflation persistante
L’inflation élevée qui a frappé le continent en 2023 et 2024 trouve ses racines dans plusieurs facteurs :
- La hausse des prix des denrées alimentaires
- Les dépréciations monétaires dans plusieurs pays
- Le déséquilibre entre l’offre et la demande sur les marchés alimentaires
« La pandémie de COVID-19 et les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales ont exacerbé ces problèmes », explique le Pr. Ndung’u Njuguna, ancien gouverneur de la Banque centrale du Kenya. « Mais nous commençons à voir les effets des mesures prises par les banques centrales africaines. »
Des disparités régionales marquées
Malgré la tendance générale à la baisse, les situations varient considérablement d’un pays à l’autre. L’Afrique de l’Est, par exemple, affiche des taux d’inflation plus modérés que l’Afrique de l’Ouest ou l’Afrique australe.
« Au Kenya, nous prévoyons une inflation de 6,5% en 2025, contre 18% au Nigeria », précise Mme Phyllis Wakiaga, économiste à la Banque africaine de développement. « Ces écarts reflètent les différences de politiques monétaires et de structures économiques. »
L’impact sur les populations
L’inflation élevée a des conséquences directes sur le pouvoir d’achat des ménages africains. À Dakar, Aminata Diop, mère de trois enfants, témoigne : « Les prix des aliments de base comme le riz ou l’huile ont presque doublé en deux ans. C’est devenu un casse-tête quotidien pour nourrir ma famille. »
Cette situation alimente les tensions sociales dans plusieurs pays. Des manifestations contre la vie chère ont éclaté dans plusieurs capitales africaines en 2024, rappelant l’urgence de maîtriser l’inflation.
Les mesures prises par les gouvernements
Face à ce défi, les gouvernements africains multiplient les initiatives :
- Renforcement des politiques monétaires restrictives
- Subventions ciblées pour les produits de première nécessité
- Investissements dans la production agricole locale
« Nous devons trouver un équilibre entre la lutte contre l’inflation et le soutien à la croissance économique », souligne M. Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FMI. « C’est un exercice délicat, mais crucial pour l’avenir du continent. »
Perspectives pour 2025 et au-delà
Si la tendance à la baisse de l’inflation se confirme, elle pourrait avoir des effets positifs sur l’économie africaine :
- Assouplissement des politiques monétaires
- Stimulation de la croissance économique
- Amélioration du pouvoir d’achat des ménages
« Une inflation maîtrisée est essentielle pour attirer les investissements et créer des emplois », affirme Mme Vera Songwe, ancienne secrétaire exécutive de la CEA. « C’est un élément clé pour réaliser les objectifs de développement durable en Afrique. »
Alors que le continent s’apprête à célébrer le 10e anniversaire de l’Accord de Paris sur le climat et des Objectifs de développement durable, la maîtrise de l’inflation apparaît comme un défi crucial. De sa réussite dépendra en grande partie la capacité de l’Afrique à construire un avenir économique plus stable et prospère.