L’Afrique et la pénurie mondiale de semiconducteurs : vers une souveraineté technologique ?

La crise mondiale des semiconducteurs, déclenchée par la pandémie et aggravée par les tensions géopolitiques, a mis en lumière la dépendance des économies africaines aux importations de composants électroniques. Pourtant, cette crise représente aussi une opportunité stratégique pour l’Afrique : repenser sa place dans la chaîne de valeur mondiale, investir dans la recherche et l’industrie, et poser les bases d’une souveraineté technologique à long terme.

Un continent dépendant mais en éveil

L’Afrique importe plus de 95 % de ses semiconducteurs, essentiels à la production de téléphones, ordinateurs, véhicules, équipements médicaux et infrastructures énergétiques. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale ont ralenti la digitalisation, fragilisé les secteurs industriels et mis en péril des pans entiers de l’économie numérique africaine.

Face à cette vulnérabilité, plusieurs pays africains – Maroc, Égypte, Afrique du Sud, Rwanda – lancent des initiatives pour attirer des investissements dans l’assemblage, la conception et la fabrication de composants électroniques. Des partenariats avec des géants asiatiques et européens sont en discussion pour implanter des usines et des centres de recherche sur le continent.

Vers une souveraineté technologique africaine

La souveraineté technologique passe par la montée en compétences, la formation d’ingénieurs, le soutien à la recherche et l’intégration régionale. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre un cadre pour mutualiser les efforts, harmoniser les normes et créer un marché unique des technologies. Les universités et centres d’innovation africains développent des cursus spécialisés et des laboratoires de pointe pour former la prochaine génération de talents.

Le développement d’une industrie locale des semiconducteurs pourrait aussi favoriser l’émergence de startups hardware, stimuler la création d’emplois qualifiés et renforcer la résilience des économies africaines face aux chocs mondiaux.

Défis et perspectives

Les défis restent immenses : investissements lourds, accès à l’énergie, infrastructures de pointe, protection de la propriété intellectuelle, concurrence internationale. Mais la volonté politique, la montée en puissance de la tech africaine et l’appui des partenaires internationaux ouvrent des perspectives inédites.

Conclusion

La crise des semiconducteurs est un signal d’alarme et une opportunité pour l’Afrique de bâtir les fondations d’une souveraineté technologique. En investissant dans la formation, l’innovation et l’intégration régionale, le continent peut s’affirmer comme un acteur incontournable de l’économie numérique mondiale.

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