Introduction
La transition vers une économie verte est un impératif pour l’Afrique, mais elle ne peut réussir que si elle est juste, inclusive et génératrice d’opportunités pour tous. En 2025, la question de la « transition juste » est au cœur des débats sur le développement durable, la justice sociale et la lutte contre les inégalités. Le Sommet Finance en Commun (FiCS) 2025, organisé au Cap, a mis en lumière la nécessité de financer une transition qui tienne compte des réalités africaines : accès à l’énergie, création d’emplois, protection des plus vulnérables et développement des compétences pour l’économie verte53. Comment garantir que la transition climatique ne creuse pas les inégalités, mais devienne un moteur d’inclusion et de prospérité partagée ?
La transition juste : un concept au cœur des stratégies africaines
La transition juste vise à accompagner la mutation vers une économie bas carbone sans laisser personne de côté. Elle implique :
- La création d’emplois verts et décents
- Le renforcement des protections sociales
- L’accompagnement des travailleurs et des communautés affectés par la transition énergétique
- L’inclusion des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés dans les nouveaux secteurs économiques5
La Banque africaine de développement (BAD) a fait de la transition juste une priorité, en élaborant des cadres politiques et des stratégies de financement qui favorisent un développement équitable et inclusif. L’objectif : préparer la main-d’œuvre africaine à l’économie verte, tout en mobilisant les investissements publics et privés pour créer de nouvelles opportunités économiques5.
Financer l’inclusion et l’emploi dans l’économie verte
L’un des enjeux majeurs de la transition juste est le financement. L’Afrique doit mobiliser 2 700 milliards de dollars d’ici 2030 pour atteindre ses objectifs climatiques, alors que seulement 23 % de cette somme sont actuellement disponibles5. Pour combler ce déficit, la BAD promeut des initiatives innovantes :
- Le Guichet d’action climatique, qui vise à collecter 14 milliards de dollars pour faciliter l’accès des pays africains à faible revenu au financement climatique

Ces investissements créent des emplois, favorisent l’industrialisation verte et soutiennent la reconversion des travailleurs issus des secteurs fossiles, comme le charbon en Afrique du Sud.
Former et protéger les plus vulnérables
La transition juste ne se limite pas à l’investissement dans les infrastructures ou l’énergie. Elle doit aussi préparer les populations à de nouveaux métiers et protéger les plus vulnérables :
- La BAD vise à créer 25 millions d’emplois et à doter 50 millions de jeunes Africains des compétences nécessaires à l’économie verte d’ici 2025, en partenariat avec l’OIT5.
- Les programmes de formation et de reconversion sont essentiels pour éviter la marginalisation des travailleurs et garantir une mobilité professionnelle vers les secteurs en croissance.
- Les protections sociales doivent être renforcées pour accompagner les communautés affectées, notamment les femmes, les travailleurs informels et les populations rurales.
Une transition inclusive et pragmatique
La transition verte ne doit pas être imposée au détriment du développement humain. Comme l’a souligné la BAD au FiCS 2025, il s’agit de concilier l’urgence climatique avec la nécessité de garantir l’accès à l’énergie, l’emploi et l’industrialisation. L’exemple de l’Afrique du Sud, dépendante du charbon, montre l’importance d’une planification minutieuse pour éviter l’instabilité économique, les pertes d’emplois et l’aggravation de la pauvreté5.
La transition juste doit donc s’appuyer sur :
- Des politiques publiques inclusives et concertées
- L’implication des communautés locales dans la conception et la mise en œuvre des projets
- La mobilisation des investissements privés et des financements innovants (obligations vertes, fonds mixtes, partenariats public-privé)35
Accélérer la mobilisation des ressources et la coopération internationale
Pour réussir la transition juste, l’Afrique doit renforcer la coopération avec les bailleurs internationaux, les institutions de financement du développement et le secteur privé. Le sommet Finance in Common 2025 a souligné l’importance d’une « action climatique inclusive » et la nécessité d’aligner les flux financiers sur les priorités africaines35.
Des initiatives comme le Prix Afrique Excellence 2025 valorisent les solutions innovantes et inclusives, portées par les ONG, les entreprises et les collectivités territoriales africaines8. La coopération entre l’ONU, l’UA, la CEA, le PNUD et l’AUDA-NEPAD, dans le cadre du deuxième Plan décennal de l’Agenda 2063, contribue à créer une synergie pour accélérer la transformation durable du continent1.

Défis et perspectives
La transition juste est un chantier complexe :
- Le déficit de financement reste un obstacle majeur
- L’accès à l’énergie demeure un défi pour 600 millions d’Africains
- Les risques de pertes d’emplois et d’exclusion sociale sont réels si la transition n’est pas accompagnée
- La formation, la gouvernance et la participation citoyenne sont essentielles pour garantir l’équité
Mais la transition juste offre aussi une opportunité unique de repenser le modèle de développement africain, en misant sur l’innovation, l’inclusion et la justice sociale.
Conclusion La transition juste est la clé d’une Afrique verte, prospère et inclusive. En investissant dans l’emploi, la formation, les protections sociales et l’innovation, le continent peut réussir sa mutation écologique sans creuser les inégalités. La mobilisation des financements, la coopération internationale et l’implication de tous les acteurs – publics, privés, société civile – sont indispensables pour faire de la transition verte un moteur de justice sociale et de développement durable pour l’ensemble des Africains