NAIROBI, Kenya – L’agriculture, pilier historique des économies africaines, connaît une profonde mutation. En 2025, le secteur agricole africain est en pleine révolution, combinant technologies de pointe, pratiques durables et innovations locales pour relever les défis de la sécurité alimentaire et du changement climatique.
Une agriculture de précision en plein essor
« L’agriculture de précision pourrait augmenter les rendements agricoles de 30% d’ici 2030 », affirme Agnes Kalibata, présidente de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), lors du Forum sur la révolution verte africaine à Nairobi.
Cette transformation se manifeste de plusieurs manières :
- Utilisation de drones pour la surveillance des cultures et l’application ciblée d’intrants
- Systèmes d’irrigation intelligents basés sur des capteurs d’humidité du sol
- Applications mobiles fournissant des conseils agronomiques personnalisés aux agriculteurs
L’agroécologie gagne du terrain
Face aux défis climatiques, l’agroécologie s’impose comme une solution durable :
- Développement de systèmes agroforestiers, combinant arbres et cultures
- Promotion de la permaculture et des pratiques agricoles régénératives
- Utilisation accrue de biopesticides et d’engrais organiques
« L’agroécologie n’est pas un retour en arrière, mais une approche moderne qui combine savoirs traditionnels et innovations scientifiques », explique Ibrahima Coulibaly, président du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA).
La révolution des semences
L’amélioration variétale joue un rôle crucial dans l’adaptation au changement climatique :
- Développement de variétés résistantes à la sécheresse et aux maladies
- Utilisation des biotechnologies pour accélérer la sélection variétale
- Préservation et valorisation des semences paysannes traditionnelles
L’essor de l’agro-industrie
La transformation locale des produits agricoles connaît un boom :
- Développement de chaînes de valeur intégrées, de la ferme à l’assiette
- Investissements dans des unités de transformation modernes
- Promotion de produits à forte valeur ajoutée pour les marchés locaux et l’exportation
« La transformation locale est la clé pour créer des emplois et augmenter les revenus des agriculteurs », souligne Jennifer Blanke, ancienne vice-présidente de la Banque africaine de développement.
Le rôle crucial des petits exploitants
Les petits agriculteurs, qui représentent la majorité des producteurs africains, sont au cœur de cette transformation :
- Programmes de formation et de vulgarisation agricole adaptés
- Accès facilité au crédit et aux assurances agricoles
- Regroupement en coopératives pour améliorer le pouvoir de négociation
Les défis persistants
Malgré ces avancées, des obstacles demeurent :
- Accès limité aux marchés pour de nombreux petits producteurs
- Infrastructures rurales insuffisantes (routes, stockage, électricité)
- Vulnérabilité aux chocs climatiques et aux invasions de ravageurs
Perspectives d’avenir
« L’Afrique a le potentiel de devenir le grenier du monde », affirme Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement. Pour y parvenir, le continent devra continuer à investir massivement dans la modernisation de son agriculture, tout en veillant à ce que cette transformation soit inclusive et durable.
La révolution agricole en cours en Afrique est porteuse d’espoir pour la sécurité alimentaire du continent et au-delà. Elle offre également des opportunités uniques pour transformer les zones rurales et créer des emplois pour la jeunesse africaine. De la réussite de cette transformation dépendra en grande partie la capacité de l’Afrique à nourrir sa population croissante et à s’imposer comme un acteur majeur de l’agriculture mondiale.
