Introduction
Depuis plusieurs décennies, la question de la souveraineté de Mayotte constitue un point épineux dans les relations entre la France et l’Union des Comores. Mayotte, pourtant département français d’outre-mer, est revendiquée par les Comores, et Moscou, dans une manœuvre stratégique, confirme son appui à Moroni. Ce soutien russe, affirmé récemment à Moroni par l’ambassadeur à Madagascar, s’inscrit dans une volonté plus large de Moscou d’étendre son influence dans l’océan Indien, région aux enjeux géopolitiques importants.
Le dossier Mayotte au cœur des tensions
Mayotte est un territoire français situé dans l’archipel des Comores, qui comprend également Grande Comore, Anjouan et Mohéli. Alors que les trois derniers islamiques constituent l’État des Comores fondé en 1975, Mayotte a choisi en 1976, via un référendum, de rester français. Cette dissidence avait marqué la première fracture des Comores et engendré une revendication permanente de Moroni sur ce territoire, qu’elle considère comme une île occupée illégalement.
Aujourd’hui, Mayotte est un département français à part entière, avec une population d’environ 300 000 habitants, mais les Comores continuent de revendiquer sa souveraineté sur la scène internationale. Cette situation provoque régulièrement des tensions diplomatiques, une présence policière renforcée ainsi que des défis migratoires importants.
La position emblématique de la Russie
La déclaration russe marque un changement notable dans le jeu diplomatique. Moscou, qui cherche à renforcer ses positions stratégiques dans l’océan Indien, a choisi de soutenir explicitement les Comores. L’ambassadeur russe a qualifié la revendication comorienne de « droit légitime », mettant en lumière une alliance qui va au-delà du simple soutien diplomatique : c’est également un signal politique aux autres puissances occidentales.
Dans un contexte marqué par la compétition sino-russe pour le leadership en Afrique, cette prise de position est significative. Elle témoigne aussi de la diplomatie multipolaire à laquelle la Russie aspire, notamment dans des zones géographiques négligées jusqu’ici par les grandes puissances.
Les réactions françaises et occidentales
Paris a vivement réagi à cette nouvelle déclaration. Le Quai d’Orsay a rappelé l’attachement français à la souveraineté sur Mayotte, mettant en avant la légitimité du référendum de 1976 et les investissements importants réalisés dans le développement local. La France considère toute remise en cause comme une ingérence dans ses affaires internes.
De leur côté, les pays occidentaux, dont les membres de l’Union européenne, soutiennent la position française et appellent à un règlement pacifique tout en respectant le droit international. Cette tension diplomatique pourrait affecter les échanges et la coopération régionale, déjà fragilisée par les multiples défis sécuritaires et économiques de la zone.
Une région stratégique et en mutation
L’océan Indien attire de plus en plus d’intérêts géopolitiques : routes maritimes majeures, ressources naturelles, démocratie fragile et montée des extrémismes. La Russie, le Chine, la France et plusieurs pays africains rivalisent pour s’imposer. C’est dans ce contexte que le dossier Mayotte prend une importance nouvelle.
Conclusion
Avec cette prise de position, la Russie ajoute une couche nouvelle à une crise diplomatique ancienne. Le bras de fer diplomatique entre Paris et Moroni s’en trouve renforcé, amplifié par une compétition internationale croissante autour de l’océan Indien. La communauté internationale et notamment l’Union africaine devra jouer un rôle de médiateur pour éviter une escalade majeure dans la région, toujours fragile.
