KIGALI, Rwanda – L’Afrique est en train de vivre sa propre révolution numérique, transformant rapidement ses économies et ses sociétés. Avec une population jeune et de plus en plus connectée, le continent émerge comme un acteur majeur de l’innovation technologique mondiale.
Une croissance exponentielle du secteur tech
« L’économie numérique africaine devrait atteindre 712 milliards de dollars d’ici fin 2025, contre 115 milliards en 2020 », annonce Lacina Koné, Directeur Général de Smart Africa, lors du sommet Transform Africa à Kigali. Cette croissance fulgurante est portée par plusieurs facteurs :
- L’adoption massive des smartphones : Plus de 70% de la population africaine devrait posséder un smartphone d’ici 2025.
- L’amélioration des infrastructures : Le déploiement de la 5G s’accélère dans plusieurs pays.
- L’essor des fintech : Le mobile money et les services financiers numériques révolutionnent l’inclusion financière.
Les hubs technologiques africains en plein essor
De Nairobi à Lagos, en passant par Le Cap et Kigali, les hubs technologiques africains attirent de plus en plus d’investisseurs internationaux. « L’Afrique est devenue un terrain d’expérimentation pour des solutions innovantes qui sont ensuite exportées dans le monde entier », explique Rebecca Enonchong, fondatrice de AppsTech et figure de proue de la tech africaine.
Le « Silicon Savannah » de Nairobi, par exemple, a vu naître des success stories comme M-Pesa, le système de paiement mobile qui a révolutionné les transactions financières en Afrique de l’Est.
L’IA made in Africa
L’intelligence artificielle (IA) est un domaine où l’Afrique commence à se démarquer. « Nous développons des solutions d’IA adaptées aux réalités africaines », déclare Moustapha Cisse, directeur du centre de recherche en IA de Google au Ghana. Des startups comme InstaDeep en Tunisie ou Zindi en Afrique du Sud sont en train de devenir des acteurs majeurs de l’IA à l’échelle mondiale.
Les défis à relever
Malgré ces avancées, des obstacles persistent :
- La fracture numérique : « Environ 40% de la population africaine n’a toujours pas accès à Internet », rappelle Omobola Johnson, ancienne ministre nigériane des Technologies de l’Information.
- Le manque de compétences : La formation de talents en technologie reste un défi majeur.
- Les infrastructures : L’accès à l’électricité et à une connexion Internet stable demeure problématique dans certaines régions.
L’impact sur l’emploi et l’éducation
La révolution numérique transforme également le marché du travail africain. « D’ici 2025, 50% des emplois en Afrique nécessiteront des compétences numériques », prédit Stefano Manservisi, directeur général de la coopération internationale et du développement à la Commission européenne.
Face à ce constat, de nombreux pays africains investissent massivement dans l’éducation numérique. Le Rwanda, par exemple, a lancé un ambitieux programme visant à former 5 millions de jeunes aux compétences numériques d’ici 2030.
Vers une souveraineté numérique africaine
Au-delà de l’innovation, la question de la souveraineté numérique se pose de plus en plus. « Nous devons développer nos propres infrastructures et plateformes pour ne pas dépendre uniquement des géants technologiques étrangers », affirme Nialé Kaba, ministre ivoirienne de l’Économie numérique.
Cette volonté se traduit par des initiatives comme le projet de câble sous-marin 2Africa, qui vise à améliorer la connectivité du continent, ou encore le développement de data centers locaux.
Alors que l’Afrique s’apprête à entrer dans l’ère de la 5G et de l’Internet des objets, sa révolution numérique ne fait que commencer. Le continent a l’opportunité de se positionner comme un leader mondial de l’innovation technologique, à condition de relever les défis qui se présentent et de capitaliser sur son immense potentiel humain.