Introduction
Le 24 juin 2025, après douze jours d’un conflit d’une intensité inédite, Israël et l’Iran ont accepté un cessez-le-feu sous la pression internationale, notamment américaine1579. Mais derrière cette trêve fragile, le Moyen-Orient entre dans une ère d’incertitude profonde2. En Afrique, cette guerre a suscité une forte inquiétude, tant pour ses répercussions économiques et sécuritaires que pour la place du continent dans la nouvelle géopolitique régionale. Quelles analyses africaines du conflit ? Quelles conséquences concrètes pour les sociétés et les États africains ?
1. Chronologie et enjeux du conflit Israël-Iran
Le 13 juin 2025, Israël lançait l’opération « Rising Lion » contre l’Iran, visant à neutraliser le programme nucléaire iranien et à affaiblir durablement les capacités militaires de la République islamique26. En douze jours, les deux puissances se sont livrées à des frappes massives, causant des centaines de morts et des destructions majeures d’infrastructures, notamment en Iran5. Malgré l’annonce d’un cessez-le-feu par Donald Trump, les deux parties se sont accusées mutuellement de violations, Israël affirmant avoir détruit des cibles stratégiques près de Téhéran et l’Iran répliquant par des tirs de missiles sur le territoire israélien137.
Ce conflit s’inscrit dans quarante ans de rivalité, depuis la rupture entre Israël et l’Iran en 19792. Il marque un tournant : l’équilibre des forces au Moyen-Orient est bouleversé, la question nucléaire redevient centrale, et la région entre dans une phase d’incertitude stratégique2.
2. Le regard africain : analyse et réactions
A. Solidarité, prudence et divisions diplomatiques
L’Afrique, historiquement concernée par les tensions au Moyen-Orient, a réagi avec prudence. L’Union africaine a appelé à la retenue et au dialogue, tout en rappelant son attachement à la stabilité régionale. Certains États, comme l’Afrique du Sud, ont condamné l’escalade militaire, appelant à la protection des civils et à la primauté du droit international. D’autres, plus proches de l’Arabie saoudite ou d’Israël, ont adopté une position plus nuancée, soucieux de préserver leurs relations économiques et sécuritaires.
B. Un conflit suivi de près par les opinions publiques africaines
Dans de nombreux pays africains, la guerre Israël-Iran a été perçue comme un risque d’embrasement régional aux conséquences mondiales : flambée des prix du pétrole, menaces sur la sécurité des ressortissants africains au Moyen-Orient, crainte d’une extension des violences à d’autres pays. Les médias africains ont largement relayé les débats sur la légitimité des frappes, la question du nucléaire, et la responsabilité des grandes puissances dans la gestion de la crise.
C. Les communautés africaines du Moyen-Orient en première ligne
Des centaines de milliers d’Africains vivent et travaillent dans le Golfe, en Israël et en Iran. Beaucoup ont été touchés par les fermetures de frontières, la suspension des vols et l’insécurité. Les ambassades africaines ont multiplié les messages de vigilance et les opérations de rapatriement, alors que les familles restées au pays s’inquiétaient pour leurs proches.
3. Conséquences économiques pour l’Afrique
A. Flambée des prix de l’énergie et du transport
La guerre a provoqué une envolée du prix du baril de pétrole, impactant durement les économies africaines importatrices d’énergie. Les coûts du transport maritime et aérien ont également augmenté, ralentissant les échanges commerciaux et renchérissant les importations de produits de première nécessité.
B. Menaces sur la sécurité alimentaire
La hausse des prix mondiaux a aggravé la crise alimentaire dans plusieurs pays africains dépendants des importations de céréales et d’engrais du Moyen-Orient. Les ONG ont alerté sur le risque d’une insécurité alimentaire accrue, notamment dans la Corne de l’Afrique et au Sahel.
C. Investissements et diaspora sous tension
De nombreux investissements africains dans le Golfe et en Israël ont été suspendus, tandis que les transferts de fonds des diasporas africaines au Moyen-Orient ont chuté, privant des millions de familles de ressources vitales.
4. Conséquences sécuritaires et géopolitiques
A. Risque de radicalisation et d’extension des conflits
La guerre a ravivé les tensions confessionnelles dans plusieurs pays africains, notamment au Nigeria, au Soudan et au Sahel, où des groupes armés pourraient instrumentaliser le conflit pour justifier de nouvelles violences. Les services de renseignement africains craignent un regain d’activisme de réseaux jihadistes transnationaux.
B. Redéfinition des alliances et de la diplomatie africaine
Le conflit pousse les États africains à repenser leurs alliances : certains pourraient se rapprocher des puissances du Golfe, d’autres renforcer leurs liens avec la Chine ou la Russie, en quête de nouvelles garanties de sécurité et de soutien économique.
C. Renforcement de la coopération régionale
Face à la volatilité du Moyen-Orient, l’Union africaine et les organisations régionales (CEDEAO, SADC, IGAD) pourraient accélérer leurs efforts pour renforcer la sécurité collective et la résilience économique du continent.
5. Perspectives et recommandations
Pour l’Afrique, la guerre Israël-Iran est un signal d’alarme : la stabilité du continent dépend de sa capacité à anticiper les chocs extérieurs, à diversifier ses partenariats et à renforcer son autonomie stratégique. Les analystes africains appellent à une diplomatie proactive, à la protection des communautés vulnérables et à une solidarité renforcée face aux crises mondiales.