Abidjan –
Face à la montée en flèche des attaques informatiques et des fraudes en ligne, la Côte d’Ivoire a dévoilé un ambitieux plan national de lutte contre la cybercriminalité. Ce programme, salué par les experts et la société civile, vise à protéger les citoyens, les entreprises et les institutions publiques dans un contexte de digitalisation accélérée de l’économie ivoirienne.
Un phénomène en forte progression
Depuis trois ans, la Côte d’Ivoire fait face à une explosion des cyberattaques : phishing, escroqueries bancaires, piratage de comptes, ransomware, usurpation d’identité… Selon l’Agence nationale de la cybersécurité (ANSSI), le nombre d’incidents signalés a doublé entre 2022 et 2024, touchant aussi bien les particuliers que les grandes entreprises et les administrations.
Les pertes économiques sont considérables : plusieurs milliards de francs CFA envolés chaque année, sans compter l’impact sur la réputation et la confiance dans le numérique. Les secteurs les plus touchés sont la finance, le commerce en ligne, la santé et l’éducation.
Un plan national structuré autour de quatre axes
Le gouvernement ivoirien a donc décidé de passer à l’offensive, avec un plan articulé autour de quatre axes majeurs :
- Renforcement du cadre légal et institutionnel : adoption de nouvelles lois sur la cybersécurité, création de tribunaux spécialisés et formation de magistrats aux enjeux numériques.
- Protection des infrastructures critiques : sécurisation des réseaux publics, des systèmes bancaires et des plateformes stratégiques, développement de partenariats avec des acteurs privés et internationaux.
- Sensibilisation et formation : campagnes d’information à grande échelle, intégration de la cybersécurité dans les programmes scolaires et universitaires, création de certifications pour les professionnels du secteur.
- Renforcement de la coopération internationale : échanges d’informations avec Interpol, participation à des exercices régionaux, développement de centres d’alerte et de réaction aux incidents.

Un engagement fort du secteur privé
Les banques, opérateurs télécoms, sociétés d’assurance et plateformes de e-commerce ont été associés à l’élaboration du plan. Plusieurs conventions ont été signées pour mutualiser les moyens de détection et de réponse, partager les bonnes pratiques et former les collaborateurs aux risques émergents.
Les défis de la mise en œuvre
Le succès du plan dépendra de la capacité à mobiliser des ressources humaines et financières suffisantes, à adapter la législation à l’évolution rapide des menaces et à renforcer la confiance des citoyens dans le numérique. Les experts recommandent également de développer une filière locale de cybersécurité, pour réduire la dépendance aux solutions étrangères.
Un enjeu de souveraineté et de développement
Pour le gouvernement, il s’agit aussi de préserver la souveraineté numérique du pays et de garantir la sécurité des données dans un contexte de transformation digitale accélérée. La lutte contre la cybercriminalité est désormais considérée comme un pilier de la stratégie nationale de développement.
Perspectives
La Côte d’Ivoire espère devenir un leader régional en matière de cybersécurité, en s’appuyant sur son dynamisme économique et sa position de hub numérique en Afrique de l’Ouest. L’enjeu est de taille : il s’agit de protéger la croissance, l’innovation et la confiance dans l’économie digitale ivoirienne.