La Confédération des États du Sahel face aux défis sécuritaires majeurs : vers une armée unifiée pour la lutte contre le terrorisme

Le vendredi 20 juin 2025, à Bamako, les ministres de la Défense du Burkina Faso, du Mali et du Niger se sont réunis dans une atmosphère de mobilisation générale. Face à la grave dégradation de la sécurité dans la région sahélienne, ils ont esquissé un plan ambitieux : la création d’une Force Unifiée de la Confédération des États du Sahel (FU-AES), une armée commune destinée à coordonner et intensifier la riposte militaire contre les groupes terroristes multiformes qui déstabilisent la région.

Le contexte sécuritaire alarmant

Le Sahel est confronté à une recrudescence dramatique des violences armées. Le nord du Mali, le Burkina Faso et certaines parties du Niger connaissent des attaques récurrentes menées par des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, ainsi que des violences intercommunautaires dévastatrices. La complexité et la sophistication accrues des attaques, incorporant parfois des drones, ont fragilisé les structures étatiques.

Les populations civiles sont les premières victimes : déplacements massifs, insécurité alimentaire, coupures d’accès à l’éducation et aux soins médicaux. Face à cette crise, les forces armées nationales font état d’une capacité limitée à répondre efficacement, accentuée par des ressources insuffisantes et un manque de coordination.

Des avancées concrètes dans la coopération militaire

La création d’une Force Unifiée apparaît comme une réponse stratégique à cette défaillance collective. Baptisée FU-AES, cette armée commune a pour vocation de mutualiser les moyens humains et matériels des trois États membres. Un état-major régional sera installé à Niamey pour faciliter la concertation opérationnelle et la planification stratégique.

Le lancement du Concept Opérationnel Commun (CONOPS) donne corps à cette initiative. Il englobe la mise en œuvre de plans conjoints d’opérations sur le terrain, l’intégration des capacités aériennes et terrestres, ainsi que le partage de renseignements. Les premières opérations militaires coordonnées, comme l’opération « YEREKO », symbolisent le succès d’une approche intégrée.

Un pilier de souveraineté sahelienne

Cette « armée sahélienne » n’est pas seulement une entité militaire, mais un projet politique majeur. Il traduit la volonté des chefs d’État de graver dans la pierre une souveraineté régionale autonome, loin de la dépendance aux partenaires extérieurs. En inscrivant la défense collective dans la Charte du Liptako Gourma, les membres affichent leur détermination à écarter les ingérences.

Les ministres engagés à Bamako ont insisté sur le caractère solidaire et inclusif de la force, soulignant que la collaboration était la clé d’un succès durable. La FU-AES vise à renforcer la confiance mutuelle, à assurer un continuum de sécurité sur des territoires transnationaux et à protéger les populations civiles.

Défis et perspectives à relever

La mise en place de cette force commune est encore fragile. Elle doit surmonter les obstacles budgétaires, logistiques, mais aussi politiques liés aux transitions militaires en cours dans les pays membres. L’intégration des règles d’engagement, la formation conjointe et l’harmonisation des doctrines militaires seront des étapes cruciales.

Les observateurs internationaux suivent avec intérêt cette construction inédite. Si elle réussit, la FU-AES pourrait constituer un modèle pour d’autres régions confrontées à des défis similaires.

Conclusion

La Confédération des États du Sahel fait un pari audacieux avec sa Force Unifiée. En adoptant une réponse collective face à l’insécurité, les pays du Sahel affirment un nouveau modèle de souveraineté partagée où la sécurité devient le socle de la stabilité et du développement.

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