Le 19 juin 2025, la Chine a appelé « tout particulièrement Israël » à « mettre fin aux combats » dans la bande de Gaza, alors que les affrontements avec le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens ont fait des dizaines de morts en quelques jours. Cette prise de position, rare et remarquée, s’inscrit dans la volonté de Pékin de s’affirmer comme acteur diplomatique majeur au Proche-Orient, dans un contexte de rivalités croissantes avec les États-Unis.
Une déclaration qui marque un tournant
Traditionnellement, la Chine adopte une posture prudente sur les dossiers du Proche-Orient, privilégiant la non-ingérence et le respect de la souveraineté des États. Mais la multiplication des crises – conflit israélo-palestinien, guerre en Syrie, tensions avec l’Iran – et la montée en puissance de Pékin sur la scène internationale poussent la diplomatie chinoise à sortir de sa réserve.
En appelant explicitement Israël à cesser les hostilités, la Chine entend se positionner comme défenseur du droit international et de la protection des civils. Le ministère chinois des Affaires étrangères a également appelé à la reprise des négociations de paix et à la mise en œuvre de la solution à deux États.
Les intérêts chinois au Proche-Orient
La Chine a des intérêts économiques et stratégiques croissants dans la région : approvisionnement en hydrocarbures, investissements dans les infrastructures, développement de la « Nouvelle route de la soie ». Pékin entretient des relations équilibrées avec Israël, principal partenaire technologique, et avec les pays arabes, fournisseurs d’énergie et alliés politiques.
La stabilité du Proche-Orient est donc un enjeu majeur pour la Chine, soucieuse de sécuriser ses routes commerciales et d’éviter toute contagion des conflits à ses propres frontières, notamment au Xinjiang.
Une diplomatie de plus en plus active
Depuis quelques années, la Chine multiplie les initiatives diplomatiques : médiation dans le dossier nucléaire iranien, participation aux conférences sur la Syrie, soutien à l’Autorité palestinienne. Pékin cherche à se poser en alternative aux États-Unis, dont l’influence est contestée dans la région.
La déclaration sur Gaza s’inscrit dans cette stratégie : elle vise à renforcer l’image de la Chine comme puissance responsable, attachée à la paix et au multilatéralisme.
Les réactions internationales
La prise de position chinoise a été saluée par plusieurs pays arabes et par l’Autorité palestinienne, qui voient en Pékin un allié potentiel face à l’intransigeance d’Israël et au soutien inconditionnel des États-Unis à l’État hébreu. Israël, de son côté, a réagi avec prudence, rappelant son droit à la légitime défense et appelant la Chine à condamner les attaques du Hamas.
Les États-Unis et l’Union européenne ont pris acte du message chinois, tout en rappelant leur attachement à la sécurité d’Israël et à la nécessité de lutter contre le terrorisme.
Les limites de l’influence chinoise
Malgré sa montée en puissance, la Chine reste un acteur extérieur au Proche-Orient, sans l’ancrage historique ni les réseaux d’alliances des puissances occidentales. Sa capacité à influencer réellement les parties en conflit demeure limitée, d’autant que Pékin évite de prendre des positions trop tranchées sur les questions sensibles.
La diplomatie chinoise mise sur le dialogue, la coopération économique et la promotion du multilatéralisme, mais elle se heurte aux réalités du terrain et à la complexité des enjeux locaux.
Conclusion ouverte
En appelant Israël à cesser les combats à Gaza, la Chine affirme sa volonté de jouer un rôle plus actif au Proche-Orient. Reste à savoir si cette posture se traduira par des avancées concrètes vers la paix, ou si elle restera cantonnée à des déclarations de principe. La diplomatie chinoise est à l’épreuve : saura-t-elle transformer son influence économique en pouvoir politique ?
