Introduction
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) traverse une crise sans précédent. Le départ officiel du Burkina Faso, du Niger et du Mali, trois pays clés de la région sahélienne, marque un tournant historique pour l’intégration régionale. Cette rupture, motivée par des désaccords profonds sur la gestion des transitions politiques et des sanctions imposées après les coups d’État militaires, soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir de la coopération ouest-africaine, la stabilité régionale et la capacité des institutions à répondre aux défis sécuritaires et économiques.
I. Les raisons d’un divorce
Depuis 2020, le Sahel est secoué par une succession de coups d’État militaires. Face à ces changements de régime, la CEDEAO a adopté une ligne dure : suspension des pays concernés, sanctions économiques, isolement diplomatique. Les juntes au pouvoir au Burkina Faso, au Niger et au Mali ont dénoncé une ingérence et un manque de solidarité, préférant se tourner vers de nouveaux partenaires internationaux et régionaux.
II. Les conséquences sécuritaires
Le retrait de ces trois pays affaiblit la capacité collective à lutter contre le terrorisme et l’insécurité. Les groupes armés profitent de la fragmentation régionale pour renforcer leur emprise, tandis que la coopération militaire et le partage du renseignement sont fragilisés. La création de l’Alliance des États du Sahel (AES) par les trois pays marque la volonté de bâtir une nouvelle architecture sécuritaire, mais son efficacité reste à démontrer.

III. Impacts économiques et sociaux
La CEDEAO représente un marché commun de plus de 400 millions d’habitants. Le départ du Burkina Faso, du Niger et du Mali risque de perturber les échanges commerciaux, de freiner les investissements et d’aggraver la pauvreté dans une région déjà vulnérable. Les populations, premières victimes des sanctions et des ruptures de coopération, expriment leur inquiétude face à l’isolement croissant.
IV. Enjeux diplomatiques et institutionnels
La crise actuelle pose la question de la légitimité et de l’efficacité des organisations régionales africaines. La CEDEAO doit repenser ses mécanismes de gestion des crises, renforcer le dialogue politique et s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques. Pour l’Afrique de l’Ouest, l’enjeu est de préserver l’esprit d’intégration tout en respectant la souveraineté des États membres.
Conclusion
Le départ du Burkina Faso, du Niger et du Mali de la CEDEAO constitue un défi majeur pour l’Afrique de l’Ouest. Entre risques sécuritaires, impacts économiques et recomposition diplomatique, la région est à la croisée des chemins. La capacité à inventer de nouveaux modèles de coopération et à restaurer la confiance sera déterminante pour l’avenir du continent.