Introduction
Le Cameroun, nation phare d’Afrique centrale, est à la croisée des chemins politiques alors que la candidature de Paul Biya, président en exercice depuis plus de quatre décennies, suscite une onde de choc au sein du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). À l’approche de la présidentielle de 2025, la perspective d’un nouveau mandat du chef de l’État, âgé de 92 ans, divise profondément la classe politique, l’élite intellectuelle et la société civile camerounaise.
Contexte historique et politique
Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, incarne à la fois la stabilité pour certains et l’immobilisme pour d’autres. Son règne a traversé des périodes de paix relative, mais aussi des crises majeures, notamment la montée des tensions dans les régions anglophones et la persistance de la corruption institutionnelle. Le RDPC, longtemps perçu comme un bloc monolithique, montre aujourd’hui des fissures inédites.
Les faits marquants
- Annonce de la candidature : En juin 2025, lors d’un congrès exceptionnel du RDPC à Yaoundé, Paul Biya a officialisé son intention de briguer un nouveau mandat, invoquant la nécessité de garantir la stabilité et la continuité des réformes.
- Réactions internes : Plusieurs cadres influents du parti, dont des membres du bureau politique et de la jeunesse du RDPC, ont exprimé publiquement leurs réserves, certains appelant à un renouvellement générationnel et à l’ouverture du parti à de nouveaux leaders.
- Mobilisation de l’opposition : Les principaux partis d’opposition, tels que le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, ont dénoncé “une confiscation du pouvoir” et appelé à une mobilisation citoyenne pour exiger une alternance démocratique.

Enjeux et analyses
- Stabilité vs Renouveau : Les partisans de Paul Biya mettent en avant la stabilité politique, la diplomatie régionale et la gestion des crises sécuritaires, notamment face à Boko Haram et aux tensions sécessionnistes. Les opposants, eux, dénoncent l’absence de réformes structurelles, la stagnation économique et la dégradation des libertés publiques.
- Défi démographique : Avec une population dont la moyenne d’âge est de 19 ans, le fossé générationnel entre la jeunesse et les dirigeants historiques n’a jamais été aussi criant. Les jeunes, souvent exclus des sphères décisionnelles, réclament une nouvelle vision pour le pays.
- Pressions internationales : Les partenaires du Cameroun, notamment l’Union européenne et les États-Unis, suivent de près l’évolution de la situation, appelant à des élections libres, transparentes et inclusives.
Réactions et perspectives
- Au sein du RDPC : Des voix discordantes émergent, certains barons historiques appelant à l’unité derrière le “père de la nation”, tandis que d’autres, plus discrets, préparent déjà l’après-Biya.
- Dans la société civile : Les organisations de défense des droits humains et les mouvements citoyens multiplient les appels à la vigilance et à la mobilisation pacifique.
- À l’international : Les chancelleries étrangères insistent sur la nécessité de respecter les principes démocratiques et de garantir l’expression de toutes les sensibilités politiques.
Conclusion
La candidature de Paul Biya en 2025 cristallise les tensions d’un pays à la recherche d’un nouveau souffle. Le Cameroun se trouve à la croisée des chemins : choisir la continuité d’un régime vieillissant ou s’ouvrir à l’alternance et à l’innovation politique. L’issue de cette séquence électorale sera déterminante pour l’avenir du pays et sa place sur la scène africaine et internationale.