Kenya-Chine : La visite de William Ruto à Pékin, symbole d’une Afrique en quête de nouveaux équilibres
Nairobi/Pékin, 23 avril 2025 –
Le président kényan William Ruto a entamé une visite d’État très attendue en Chine, marquant une nouvelle étape dans la stratégie de diversification des partenariats internationaux du Kenya. Dans un contexte mondial marqué par la rivalité sino-occidentale, cette visite revêt une importance particulière pour l’Afrique de l’Est, qui cherche à renforcer son autonomie et à maximiser les retombées de la coopération internationale.
Objectifs de la visite : économie, infrastructures et souveraineté
Au programme de la visite, plusieurs dossiers majeurs : la signature de nouveaux accords d’investissement, le financement d’infrastructures stratégiques (routes, ports, énergie), et la coopération technologique. William Ruto entend ainsi consolider la position du Kenya comme hub économique régional, tout en négociant des conditions plus favorables pour son pays.
La Chine, premier partenaire commercial du Kenya, a déjà investi plus de 10 milliards de dollars dans des projets phares comme le chemin de fer Mombasa-Nairobi ou le port de Lamu. Mais Nairobi souhaite désormais rééquilibrer la relation, en insistant sur le transfert de compétences, la création d’emplois locaux et la réduction de la dépendance à la dette.
Un contexte international sous tension
La visite intervient alors que les tensions entre la Chine et les puissances occidentales, notamment les États-Unis et l’Union européenne, s’intensifient. Pour Pékin, renforcer ses liens avec Nairobi s’inscrit dans sa stratégie des « nouvelles routes de la soie » et de consolidation de son influence en Afrique. Pour le Kenya, il s’agit de tirer parti de la concurrence entre grandes puissances pour obtenir de meilleures conditions et diversifier ses partenaires.
Cette diplomatie du « non-alignement actif » séduit de plus en plus de pays africains, soucieux de préserver leur souveraineté tout en profitant des opportunités offertes par la mondialisation.

Enjeux internes : attentes et critiques
Au Kenya, la visite de Ruto est suivie de près par l’opinion publique et les milieux économiques. Si certains saluent la recherche de nouveaux investissements, d’autres s’inquiètent de l’endettement croissant du pays vis-à-vis de la Chine. Les ONG et les syndicats réclament plus de transparence dans la gestion des contrats, et insistent sur la nécessité d’un développement inclusif, respectueux de l’environnement et des droits des travailleurs.
Le gouvernement, de son côté, met en avant les retombées positives des projets chinois en matière d’emploi, de modernisation des infrastructures et de croissance économique. Mais il doit composer avec une société civile de plus en plus exigeante et une opposition qui dénonce les risques de « néo-colonialisme ».
Perspectives régionales : le Kenya comme modèle ?
La stratégie kényane pourrait inspirer d’autres pays de la région, en quête d’alternatives à la dépendance vis-à-vis des bailleurs traditionnels. Le Kenya, fort de sa stabilité politique relative et de son dynamisme économique, se positionne comme un laboratoire de la nouvelle diplomatie africaine, capable de négocier d’égal à égal avec les grandes puissances.
La visite de Ruto à Pékin pourrait ainsi ouvrir la voie à une nouvelle ère de coopération sino-africaine, plus équilibrée et plus respectueuse des intérêts africains.
Conclusion
La visite d’État de William Ruto en Chine incarne les aspirations d’une Afrique de l’Est ambitieuse, déterminée à jouer sa propre partition sur la scène internationale. Entre opportunités économiques, défis de la dette et enjeux de souveraineté, le Kenya tente de tracer une voie originale, qui pourrait inspirer l’ensemble du continent.