Le défi persistant de la scolarisation des filles dans les campagnes kenyanes
Malgré des progrès significatifs ces dernières années, l’accès à l’éducation pour les jeunes filles reste un enjeu majeur dans les zones rurales du Kenya. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Éducation, près de 18 % des filles en milieu rural quittent l’école avant la fin du cycle primaire, un taux qui grimpe à plus de 30 % au secondaire, principalement dans les régions de Turkana, Garissa et Samburu.
Facteurs principaux de cette situation : mariages précoces, pauvreté, longue distance entre le domicile et l’établissement scolaire, persistance des violences sexistes et manque d’infrastructures sanitaires adaptées à l’hygiène menstruelle.
Campagne gouvernementale et mobilisation de la société civile
Le gouvernement kenyan, en collaboration avec l’UNICEF et plusieurs ONG nationales, a lancé en juillet 2025 une campagne de mobilisation sans précédent intitulée « Every Girl In School ». Ce programme entend distribuer plus de 5 millions de kits scolaires et d’hygiène menstruelle, installer des bus scolaires dans les zones isolées et subventionner les familles vulnérables pour couvrir les frais de scolarité.
Plusieurs groupes de femmes leaders, dont la juge Martha Koome et l’athlète Hellen Obiri, effectuent une tournée dans les régions sous-scolarisées pour sensibiliser les communautés aux bénéfices économiques et sociaux de l’éducation des filles.
Des obstacles persistants à surmonter
Malgré les efforts, des résistances subsistent : la tradition patriarcale dans certaines ethnies, la nécessité de faire travailler les enfants aux champs, ou encore la domination de certains milieux où l’éducation féminine demeure perçue comme secondaire.
Des enseignants réclament une meilleure formation à la gestion des violences basées sur le genre et davantage d’accompagnement psychologique pour les jeunes filles victimes de décrochage grave ou de harcèlement.

Un enjeu de développement et d’inclusion
Les experts des politiques publiques insistent : chaque année de scolarité supplémentaire pour une fille augmente de 15 % ses chances d’accéder à un emploi stable à l’âge adulte. À l’échelle nationale, la scolarisation généralisée des filles pourrait faire gagner 2 % de croissance au PIB selon la Banque mondiale.
La lutte pour l’éducation des filles se joue donc aussi sur le terrain du développement : inclusion, autonomisation économique, amélioration de la santé publique et recul des inégalités.
Perspectives pour 2025-2026
À l’approche des examens nationaux, le gouvernement promet une évaluation indépendante des résultats de la campagne, avec l’objectif de ramener le décrochage féminin rural sous la barre des 10 % d’ici 2026.
L’espoir d’une génération où chaque fille kenyane aura un accès réel à l’école guide désormais la mobilisation, incarnée par la promesse : « No girl left behind. »