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Kenya – Manifestations contre la vie chère, la jeunesse descend dans la rue

par Africanova
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Une mobilisation inédite qui secoue le pouvoir kényan

Depuis plusieurs semaines, le Kenya est le théâtre d’un mouvement social d’une ampleur rarement observée depuis l’indépendance. Des milliers de jeunes, étudiants, travailleurs précaires et chômeurs, défilent quotidiennement dans les rues de Nairobi, Mombasa, Kisumu et Eldoret. À l’origine de leur colère : l’explosion du coût de la vie, la hausse des prix des denrées de base, du carburant et des transports, mais aussi un sentiment d’abandon face à une élite politique jugée déconnectée des réalités du pays.

Les slogans scandés lors des cortèges expriment une lassitude profonde : « No future, no food, no hope ». Les réseaux sociaux, véritables caisses de résonance du mouvement, relaient en temps réel images et témoignages, mobilisant au-delà des frontières du pays et attirant l’attention de la diaspora kényane ainsi que des organisations internationales.

Les racines d’une crise sociale et économique

Le Kenya, longtemps présenté comme un modèle de stabilité et de croissance en Afrique de l’Est, traverse une période de turbulences économiques. L’inflation a atteint un niveau record de 12,5 % en juin, selon la Banque centrale, tandis que le chômage des jeunes dépasse désormais 35 %. Les causes sont multiples : conséquences de la pandémie de Covid-19, sécheresses à répétition, endettement public croissant et corruption persistante au sein de l’administration.

La jeunesse, qui représente près de 70 % de la population, se sent particulièrement touchée. Beaucoup dénoncent l’absence de perspectives, la précarité des emplois informels et la difficulté d’accéder à l’enseignement supérieur ou à la formation professionnelle. Des témoignages recueillis sur le terrain font état de familles contraintes de réduire leurs repas quotidiens, d’abandonner des soins médicaux ou de renoncer à la scolarisation des enfants.

Répression, dialogue et tentatives d’apaisement

Face à la montée de la contestation, le gouvernement du président William Ruto a d’abord opté pour la fermeté. Les forces de l’ordre ont été déployées massivement, donnant lieu à des affrontements parfois violents et à des arrestations par centaines. Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, ont dénoncé des cas de brutalités policières et de violations des droits fondamentaux. La communauté internationale, notamment l’Union africaine et l’Union européenne, a appelé au respect du droit de manifester et à l’ouverture d’un dialogue inclusif.

Sous la pression, le gouvernement a annoncé une série de mesures : subventions temporaires sur certains produits de base, promesses de création d’emplois publics et ouverture de discussions avec les représentants de la jeunesse. Mais ces annonces peinent à convaincre une population désabusée, qui exige des réformes structurelles et une lutte effective contre la corruption.

Un mouvement qui s’inscrit dans une dynamique continentale

Le soulèvement kényan s’inscrit dans une vague de contestations qui touche de nombreux pays africains, du Nigeria à l’Afrique du Sud, en passant par le Ghana ou le Sénégal. Partout, la jeunesse réclame une place plus grande dans la vie politique, une meilleure répartition des richesses et des politiques publiques à la hauteur des défis démographiques et climatiques.

Les analystes estiment que la capacité du pouvoir kényan à répondre à ces attentes sera déterminante pour la stabilité du pays, mais aussi pour l’image de la démocratie en Afrique de l’Est. En attendant, la rue continue de gronder, portée par une génération qui refuse de se résigner à la pauvreté et à l’exclusion.

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