Le Hamas change de ton : ouverture vers une trêve
Après des mois de violences et de frappes aériennes meurtrières, le Hamas a fait savoir, par la voix de son porte-parole à Doha, qu’il était « prêt à une trêve sérieuse et durable » avec Israël. Cette déclaration intervient alors que la pression internationale s’intensifie, notamment de la part de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis, pour obtenir un cessez-le-feu et relancer un processus de négociation. Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a insisté sur la nécessité d’un « engagement mutuel », conditionnant tout accord à la levée du blocus de Gaza et à l’arrêt des opérations militaires israéliennes.
Les motivations derrière la nouvelle posture du Hamas
Plusieurs facteurs expliquent ce changement de stratégie. D’abord, la situation humanitaire à Gaza est catastrophique : manque d’eau potable, coupures d’électricité, hôpitaux débordés, chômage massif. Les ONG internationales alertent sur le risque d’effondrement social. Ensuite, le Hamas, confronté à une contestation interne croissante, cherche à préserver sa légitimité en évitant une nouvelle escalade qui lui serait politiquement coûteuse. Enfin, la pression des alliés régionaux, soucieux de stabiliser la zone, a pesé dans la décision d’ouvrir la porte à la négociation.
Réactions israéliennes et calculs politiques
Côté israélien, le gouvernement reste prudent. Le Premier ministre, sous la pression de sa coalition et d’une opinion publique polarisée, pose comme préalable la libération de tous les otages et la garantie d’un arrêt durable des tirs de roquettes. Les faucons du cabinet sécuritaire restent sceptiques sur la sincérité du Hamas, mais certains ministres, notamment ceux en charge de la Défense et des Affaires étrangères, voient dans cette ouverture une opportunité de réduire la pression internationale et de rétablir une forme de statu quo.
Le rôle des médiateurs régionaux et internationaux
L’Égypte et le Qatar, médiateurs historiques du conflit, intensifient leurs efforts pour rapprocher les positions. Le Caire a proposé un plan en plusieurs phases : cessez-le-feu immédiat, ouverture partielle des points de passage, échanges de prisonniers, et engagement à relancer les discussions sur la reconstruction de Gaza. Les États-Unis apportent leur soutien à cette initiative, tout en maintenant la pression sur le Hamas pour qu’il rompe avec les factions les plus radicales.

Enjeux régionaux et risques pour la stabilité
La perspective d’une trêve soulève des enjeux régionaux majeurs. Une désescalade à Gaza pourrait réduire le risque d’embrasement au Liban Sud, où le Hezbollah multiplie les démonstrations de force. Elle pourrait aussi favoriser une reprise du dialogue entre Israël et l’Autorité palestinienne, marginalisée ces derniers mois. Mais le risque d’une trêve fragile, rapidement rompue par un incident ou une provocation, reste élevé.
Scénarios possibles pour les semaines à venir
- Trêve durable et négociation : Sous pression internationale, un accord de cessez-le-feu est conclu, ouvrant la voie à des discussions sur la levée du blocus et la reconstruction.
- Trêve fragile et rechute dans la violence : Faute de garanties solides, la trêve vole en éclats après quelques semaines, relançant le cycle des représailles.
- Enlisement : Les négociations piétinent, la situation humanitaire empire, et la région reste en état de tension permanente.
L’avenir de Gaza et du processus de paix
La déclaration du Hamas ouvre une fenêtre d’opportunité, mais la méfiance reste profonde de part et d’autre. La communauté internationale, l’ONU et l’Union européenne appellent à saisir ce moment pour relancer un processus de paix global, mais les obstacles structurels – rivalités internes palestiniennes, divisions israéliennes, jeux d’influence régionaux – demeurent puissants.