L’inflation frappe l’Afrique de plein fouet. Depuis 2022, la flambée des prix touche tous les secteurs : alimentation, énergie, transports, logement. Les ménages, déjà fragilisés par la pandémie de Covid-19, voient leur pouvoir d’achat s’éroder mois après mois. Selon la Banque africaine de développement, l’inflation moyenne sur le continent a dépassé 10 % en 2024, un niveau inédit depuis plus d’une décennie. Cette situation inquiète économistes, gouvernements et citoyens, car elle menace la stabilité sociale et la croissance économique.
Des prix qui explosent, un panier de la ménagère inaccessible
Dans les marchés de Dakar, Abidjan ou Kinshasa, les consommateurs témoignent d’une hausse constante des prix. « Avant, avec 10 000 francs CFA, je faisais les courses pour trois jours. Aujourd’hui, c’est à peine suffisant pour deux repas », confie Aminata, vendeuse de légumes à Bamako. Les produits de base – riz, huile, pain, sucre – ont vu leur prix doubler, voire tripler dans certaines régions. Les causes sont multiples : crise géopolitique en Ukraine, hausses du prix du pétrole, dépréciation des monnaies locales, perturbations logistiques et spéculation.
Les familles s’organisent : astuces et sacrifices
Face à cette situation, les ménages africains développent des stratégies de survie. Beaucoup réduisent la taille ou la fréquence des repas, privilégient les aliments locaux moins chers, achètent en groupe ou se tournent vers les marchés informels. Les familles urbaines revoient leurs priorités : moins de sorties, report des achats non essentiels, recours au crédit ou à l’entraide communautaire. « On partage plus, on s’entraide entre voisins. Mais tout le monde souffre », explique Joseph, père de famille à Douala.
L’impact sur les classes moyennes et les plus vulnérables
Si l’inflation touche toutes les couches sociales, ce sont les classes moyennes et les populations pauvres qui en subissent le plus violemment les conséquences. Pour elles, l’alimentation représente parfois plus de 50 % du budget mensuel. Les salaires stagnent, les aides sociales sont insuffisantes, et l’accès au crédit reste limité. Selon l’ONU, plus de 20 millions d’Africains pourraient basculer dans l’extrême pauvreté en 2025 si la tendance se poursuit.
Les réponses des gouvernements : entre aides ponctuelles et réformes structurelles
Face à la grogne sociale, plusieurs États africains ont mis en place des mesures d’urgence : subventions sur les carburants, plafonnement des prix de certains produits, distribution de bons alimentaires. Mais ces solutions restent souvent temporaires et coûteuses pour des finances publiques déjà fragiles. À moyen terme, les experts appellent à des réformes plus profondes : soutien à la production locale, diversification des sources d’énergie, lutte contre la spéculation et la corruption, renforcement des filets sociaux.

Le rôle du secteur privé et de l’innovation
Dans ce contexte, le secteur privé et les start-up jouent un rôle croissant. Plateformes de e-commerce, applications de comparaison de prix, coopératives agricoles numériques : les initiatives se multiplient pour aider les consommateurs à mieux gérer leur budget. L’innovation est aussi présente dans les modes de paiement, avec la généralisation du mobile money qui facilite l’accès aux services financiers.
Une crise qui interroge le modèle de développement africain
Au-delà de l’urgence, la crise de l’inflation pose la question de la souveraineté alimentaire, de la dépendance aux importations et de la résilience des économies africaines. Beaucoup d’experts appellent à repenser les politiques agricoles, à soutenir les filières locales et à investir dans la transformation industrielle. « L’inflation est un révélateur de nos fragilités, mais aussi une opportunité de changer de cap », estime un économiste de la BAD.
Conclusion : l’Afrique à la croisée des chemins
La lutte contre l’inflation sera longue et difficile. Mais elle peut aussi être le moteur d’une nouvelle dynamique de développement, plus inclusive et plus résiliente. Les familles africaines, malgré les difficultés, font preuve d’une capacité d’adaptation remarquable. Leur inventivité et leur solidarité seront des atouts précieux pour traverser cette tempête et construire un avenir meilleur.