Le 18 septembre 2025 restera une date historique pour l’Éthiopie et, plus largement, pour le continent africain avec l’inauguration officielle du Grand Barrage de la Renaissance (GERD). Cet ouvrage colossal, situé sur le Nil Bleu à la frontière entre l’Éthiopie et le Soudan, est désormais reconnu comme le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique et un symbole majeur de la souveraineté énergétique et du développement durable africain.
Le GERD, dont la construction a débuté en 2011, représente un investissement massif estimé à plus de 5 milliards de dollars. Ce projet stratégique va permettre à l’Éthiopie d’augmenter sa capacité de production électrique de manière spectaculaire, avec une puissance installée qui dépassera 6 000 MW une fois toutes les phases finalisées. Cela devrait transformer non seulement l’économie locale, mais aussi l’ensemble de la région est-africaine en favorisant le développement industriel et la fourniture d’énergie stable pour des millions d’habitants.
L’inauguration a été marquée par une cérémonie officielle à Addis-Abeba, en présence des hauts responsables éthiopiens, mais aussi de représentants africains et internationaux. Ce moment symbolise un nouveau départ pour le pays, longtemps affecté par un accès limité à l’électricité et à des infrastructures énergétiques vétustes. Le projet a pourtant suscité de nombreux débats diplomatiques, notamment avec l’Égypte et le Soudan, voisins partageant les eaux du Nil, qui ont exprimé des inquiétudes quant à l’ampleur et la gestion des ressources hydriques.
Sur le plan technique, le barrage est une merveille d’ingénierie, combinant des capacités de régulation hydrique, de production d’énergie et de prévention des inondations. Il comprend un lac de retenue d’une superficie de plus de 1 800 km², avec une capacité de stockage de près de 74 milliards de m³ d’eau. Cette masse d’eau permettra de réguler les crues saisonnières qui affectent régulièrement la région et d’assurer un débit d’eau plus constant pour les usages agricoles et domestiques en aval.
L’impact socio-économique attendu est immense. Le GERD devrait alimenter le développement industriel, en particulier dans les secteurs minier, manufacturier et agricole, qui nécessitent une énergie fiable. Par ailleurs, le projet s’inscrit dans les objectifs de développement durable de l’Éthiopie, notamment la réduction des émissions de CO2 grâce à une production d’électricité propre, décarbonée et renouvelable. Les efforts conjoints avec les partenaires internationaux dans le domaine du climat et de la finance verte confirment cette ambition écologique, positionnant l’Éthiopie comme un acteur clé de la transition énergétique en Afrique.

Néanmoins, les tensions diplomatiques entre Addis-Abeba, Le Caire et Khartoum ne sont pas entièrement apaisées. Les négociations sur les quotas d’eau et les usages partagés se poursuivent dans des cadres bilatéraux et multilatéraux. Plusieurs dirigeants africains appellent à une solution concertée et équitable, soulignant l’importance du Nil en tant que ressource vitale commune à toute la région.
Enfin, sur le plan local, l’ouverture du barrage s’accompagne de mesures pour garantir que les populations des régions environnantes bénéficient directement des retombées économiques et sociales. La création d’emplois et la promotion des infrastructures sociales (santé, éducation) constituent des priorités pour le gouvernement éthiopien, consolidant ainsi la paix sociale autour d’un projet perçu comme un pilier national.