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Guinée : la nouvelle Constitution porte le mandat présidentiel de cinq à sept ans, un tournant controversé

par Africanova
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Conakry, 5 juillet 2025 – Vers un mandat présidentiel rallongé et un Sénat inédit

La Guinée s’apprête à franchir une étape majeure dans sa transition politique avec la tenue d’un référendum constitutionnel prévu le 21 septembre 2025. Ce référendum, organisé sous l’égide de la junte militaire dirigée par le général Mamadi Doumbouya, propose une nouvelle Constitution qui allonge la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans, renouvelable une seule fois, et crée un Sénat, institution jusqu’ici absente du paysage politique guinéen.

Un projet constitutionnel présenté comme un retour à l’ordre constitutionnel

Présenté officiellement le 26 juin 2025 à la télévision nationale, le projet de Constitution a été élaboré par un comité d’experts et vise à mettre fin à la période de transition initiée par le coup d’État de septembre 2021, qui a renversé le président Alpha Condé. Ce dernier, au pouvoir depuis 2010, avait suscité une forte contestation après avoir modifié la Constitution pour briguer un troisième mandat.

La nouvelle Loi fondamentale entend rétablir la légitimité démocratique et la stabilité institutionnelle, avec des dispositions modernisées, notamment la reconnaissance officielle des langues africaines aux côtés du français et un quota d’au moins 30% de femmes dans les fonctions électives et postes de direction publique.

Le mandat présidentiel : un allongement au cœur des débats

La mesure la plus controversée est sans doute l’allongement du mandat présidentiel à sept ans, renouvelable une seule fois, contre cinq ans auparavant. Ce changement porte la durée maximale au pouvoir à 14 ans, ce qui suscite de vives inquiétudes quant à la concentration du pouvoir.

Officiellement, les autorités avancent que cinq ans sont trop courts pour mettre en œuvre des politiques publiques efficaces, surtout dans un contexte de reconstruction institutionnelle et de développement. Le chef du Conseil national de transition (CNT), Dansa Kourouma, a défendu cette réforme en soulignant la nécessité de stabilité pour assurer la continuité des réformes.

Cependant, cette disposition est perçue par une partie de l’opposition et de la société civile comme un moyen détourné de permettre au général Doumbouya, chef de la junte, de briguer la présidence et de prolonger son pouvoir au-delà des limites initialement annoncées.

Une ambiguïté sur la candidature de Mamadi Doumbouya

Le général Doumbouya s’était engagé à ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle, conformément à la charte de transition qui interdit aux membres de la junte de briguer des mandats électifs. Or, cette clause a disparu du projet de Constitution, ouvrant la porte à une possible candidature.

Plusieurs proches du pouvoir ont publiquement exprimé leur soutien à une telle démarche, ce qui alimente les suspicions d’un « mandat sur mesure » pour le chef de la transition. Cette situation alimente un débat intense sur la sincérité du retour à la démocratie et la pérennisation de l’autoritarisme militaire sous couvert de légalité.

Création d’un Sénat et autres nouveautés institutionnelles

Outre l’allongement du mandat, la nouvelle Constitution instaure un Sénat, composé d’un tiers de membres nommés par le président de la République, ce qui pourrait renforcer le pouvoir exécutif. Cette chambre haute aura pour mission de représenter les collectivités territoriales et de jouer un rôle consultatif, mais son poids réel reste à définir.

Le texte prévoit également la création d’une Cour spéciale de justice de la République, chargée de juger le président et les ministres en cas de haute trahison ou de crimes commis en fonction, mais avec des garanties d’immunité civile et pénale qui suscitent des débats.

Un contexte de restrictions des libertés

Le référendum s’inscrit dans un contexte marqué par des restrictions sévères des libertés publiques, avec des arrestations de journalistes, des limitations à la liberté d’expression et une forte surveillance des opposants. Ces conditions soulèvent des interrogations sur la transparence et la légitimité du processus.

Perspectives et enjeux

Le référendum du 21 septembre sera un test majeur pour la Guinée. Une adoption du texte pourrait stabiliser les institutions, mais risque aussi de prolonger l’emprise militaire sur le pouvoir. La communauté internationale observe avec attention, certains appelant à un dialogue inclusif pour garantir une transition démocratique authentique.

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