La Guinée-Bissau traverse une crise politique aiguë alors que le président Umaro Sissoco Embalo, dont le mandat a expiré le 27 février 2025, refuse de quitter le pouvoir. Fixant unilatéralement les élections au 30 novembre 2025, il a plongé le pays dans une impasse institutionnelle, exacerbée par l’échec de la médiation de la CEDEAO.
Un mandat présidentiel illégitime ?
- Litige sur la date d’expiration : La Cour suprême, accusée de partialité, a prolongé le mandat d’Embalo jusqu’en septembre 2025, tandis que l’opposition estime qu’il a pris fin en février. Cette ambiguïté juridique nourrit des accusations de « coup d’État constitutionnel ».
- Expulsion des médiateurs de la CEDEAO : Le 1ᵉʳ mars 2025, Embalo a menacé d’expulser les envoyés régionaux après qu’ils ont présenté une feuille de route électorale jugée défavorable. Cette décision a précipité le départ de la mission et révélé l’isolement diplomatique du pays.
- Dissolution du Parlement : En décembre 2023, Embalo a dissous l’Assemblée nationale dominée par l’opposition, consolidant son contrôle sur les institutions et attisant les tensions8.
Feuille de route électorale : un consensus introuvable
- Élections couplées reportées : Initialement prévues pour novembre 2024, les législatives et présidentielles ont été repoussées à fin 2025, sans consultation de l’opposition. Embalo invoque des « obstacles techniques », mais ses détracteurs y voient une manœuvre pour rester au pouvoir.
- Appel à la paralysie nationale : La coalition Pai Terra Ranka, dirigée par Domingos Simões Pereira, a organisé des grèves et des manifestations le 27 février 2025, réprimées par les forces de sécurité. L’opposition exige des élections avant septembre et le départ immédiat d’Embalo.
Enjeux régionaux et risques d’instabilité
- Précédent dangereux pour la CEDEAO : L’échec de la médiation en Guinée-Bissau affaiblit la crédibilité de l’organisation ouest-africaine, déjà critiquée pour son incapacité à gérer les transitions au Mali et au Niger48.
- Menace de contagion autoritaire : Un succès électoral d’Embalo, perçu comme illégitime, pourrait inciter d’autres dirigeants de la région à manipuler les processus démocratiques8.