Introduction
Le 29 mai 2025, une équipe internationale d’archéologues a annoncé la découverte exceptionnelle de vestiges d’une cité maya datant de près de 2800 ans dans la région de Petén, au nord du Guatemala. Cette trouvaille, considérée comme l’une des plus importantes de la décennie en Mésoamérique, pourrait bouleverser la compréhension de l’histoire et de l’organisation sociale des Mayas anciens. Entre avancée scientifique, enjeux patrimoniaux et fascination mondiale pour la civilisation maya, retour sur une découverte qui éclaire d’un jour nouveau les origines de l’une des plus grandes civilisations précolombiennes.
Un site exceptionnel mis au jour
La cité, baptisée provisoirement « Oxlajuj Tikal » par les chercheurs, a été localisée grâce à des relevés LiDAR (Light Detection and Ranging), une technologie de télédétection par laser aéroporté qui permet de cartographier le sol sous la canopée dense de la jungle. Les premières fouilles ont révélé :
- Des structures monumentales : pyramides, places cérémonielles, stèles gravées, terrains de jeu de balle.
- Un réseau complexe de routes surélevées (sacbeob), reliant différents quartiers de la cité et d’autres sites voisins.
- Des systèmes avancés de gestion de l’eau : bassins, canaux, citernes, témoignant d’une organisation hydraulique sophistiquée.
- Des objets rituels, céramiques peintes, outils en obsidienne et restes de fresques murales, offrant un aperçu inédit de la vie quotidienne, des croyances et des pratiques artistiques des premiers Mayas.
Les datations au carbone 14 situent l’occupation principale du site entre 800 et 400 avant notre ère, soit bien avant l’apogée classique de la civilisation maya (250-900 de notre ère).
Une découverte qui bouleverse les chronologies
Jusqu’à présent, les archéologues pensaient que les grandes cités mayas n’avaient émergé qu’à partir du début de notre ère. La découverte d’Oxlajuj Tikal, d’une taille et d’une complexité comparables aux centres classiques, repousse de plusieurs siècles l’apparition de l’urbanisme, de l’écriture hiéroglyphique et du pouvoir centralisé dans la région.
Selon le professeur Ana Lucía Pérez, co-directrice du projet, « cette cité montre que les Mayas ont inventé très tôt des formes d’organisation sociale, politique et religieuse très avancées, en interaction avec d’autres cultures mésoaméricaines comme les Olmèques ».
Les enjeux scientifiques et patrimoniaux
- Compréhension de la genèse des civilisations mayas : L’étude des vestiges permettra de mieux cerner les origines de l’écriture, du calendrier, des rituels et des hiérarchies sociales.
- Dialogue interculturel : Les premières analyses montrent des influences olmèques et des échanges avec d’autres peuples de la Mésoamérique, suggérant une dynamique de réseaux et d’alliances.
- Préservation du patrimoine : Le site, menacé par la déforestation, le pillage et l’urbanisation, fait l’objet d’un plan de protection conjoint entre l’État guatémaltèque, l’UNESCO et les communautés locales.

Réactions au Guatemala et dans le monde
- Autorités guatémaltèques : Le gouvernement a salué une « découverte nationale », promettant d’investir dans la recherche, la conservation et le développement du tourisme culturel.
- Communautés mayas : Les descendants des Mayas voient dans cette découverte une reconnaissance de leur héritage et réclament d’être associés à la gestion et à la valorisation du site.
- Monde scientifique : Les plus grands musées et universités d’Amérique et d’Europe proposent des collaborations pour l’étude des artefacts et la formation des archéologues locaux.
Défis et perspectives
- Financement et sécurité : Les archéologues appellent à un soutien international pour protéger le site des trafiquants d’antiquités et des exploitants forestiers illégaux.
- Valorisation touristique : Le Guatemala espère attirer de nouveaux visiteurs, mais doit concilier développement économique et respect de l’environnement et des populations autochtones.
- Recherche interdisciplinaire : L’analyse des pollens, des isotopes et des restes humains pourrait révéler les causes de l’essor et du déclin de la cité, ainsi que les liens avec le changement climatique et les migrations.
Conclusion
La découverte de vestiges d’une cité maya de 2800 ans au Guatemala ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire de la Mésoamérique. Elle confirme la précocité et l’ingéniosité des Mayas anciens, tout en posant de nouveaux défis pour la préservation et la transmission de ce patrimoine universel. Entre science, mémoire et fierté culturelle, Oxlajuj Tikal s’annonce comme un laboratoire vivant pour les archéologues, les communautés et les passionnés du monde entier.