La Gambie, petit pays d’Afrique de l’Ouest enclavé dans le Sénégal, fait figure de pionnière avec le lancement d’un programme novateur destiné à améliorer la collecte des taxes foncières. Face à la faiblesse des recettes publiques et à la nécessité de financer des infrastructures de base, le gouvernement gambien a misé sur la digitalisation et la transparence pour moderniser un secteur longtemps marqué par l’opacité et l’inefficacité.
Un défi fiscal de taille
En Gambie, la collecte des taxes foncières a longtemps souffert de plusieurs handicaps : absence de cadastre fiable, corruption, manque de formation des agents, méfiance des contribuables et procédures administratives lourdes. Résultat : un taux de recouvrement très faible, privant l’État de ressources essentielles pour le développement local et national.
Conscient de ces enjeux, le ministère des Finances, en partenariat avec des organismes internationaux et des start-up locales, a lancé en 2025 un vaste programme de digitalisation du cadastre et de la gestion fiscale. Objectif : rendre le processus plus transparent, plus simple et plus efficace, tout en luttant contre la fraude et l’évasion fiscale.
La digitalisation au service de la transparence
Le cœur du programme repose sur la création d’une plateforme numérique centralisée, accessible à tous les propriétaires fonciers et aux collectivités locales. Grâce à la géolocalisation, à la numérisation des titres de propriété et à l’automatisation des paiements, chaque transaction est désormais traçable et vérifiable en temps réel. Les contribuables peuvent consulter leur situation fiscale, payer en ligne et recevoir des attestations électroniques, réduisant ainsi les risques de corruption et d’erreurs humaines.
Les autorités ont également investi dans la formation des agents municipaux et dans la sensibilisation des citoyens, afin d’assurer une appropriation rapide de ces nouveaux outils. Des campagnes d’information ont été menées dans les médias et sur les réseaux sociaux pour expliquer les avantages du système et encourager la déclaration volontaire des biens.
Un impact concret sur les finances publiques
Les premiers résultats sont encourageants : selon le ministère des Finances, les recettes issues des taxes foncières ont augmenté de 35% au premier semestre 2025, permettant de financer des projets prioritaires dans l’éducation, la santé et l’assainissement. Les collectivités locales disposent désormais de ressources accrues pour investir dans les infrastructures de proximité, améliorer la voirie et renforcer les services publics.

La Banque mondiale et le Fonds monétaire international saluent cette initiative, qui pourrait servir de modèle à d’autres pays africains confrontés aux mêmes défis. La Gambie, souvent perçue comme un laboratoire de réformes, confirme ainsi son engagement en faveur de la bonne gouvernance et de la modernisation de l’administration fiscale.
Les défis à venir
Malgré ces avancées, des défis subsistent : extension du système aux zones rurales, lutte contre la résistance au changement, sécurisation des données et inclusion des populations les plus vulnérables. Le gouvernement s’est engagé à poursuivre les investissements dans la technologie et la formation, tout en renforçant le dialogue avec les acteurs locaux pour garantir l’adhésion du plus grand nombre.
Perspectives régionales
Le succès du programme gambien attire déjà l’attention des pays voisins, qui envisagent de s’en inspirer pour moderniser leur propre fiscalité foncière. Des délégations venues du Sénégal, de la Guinée-Bissau et du Mali ont visité Banjul pour étudier le fonctionnement de la plateforme et échanger avec les responsables du projet.
La Gambie s’impose ainsi comme un acteur innovant de la gouvernance locale en Afrique de l’Ouest, démontrant que la technologie peut être un puissant levier de développement et de justice fiscale.