Le Gabon vient de surprendre la filière bois et la communauté internationale en gelant l’ensemble des nouveaux permis forestiers commerciaux. Cette décision, annoncée à Libreville par le ministère de l’Environnement, intervient alors que la pression sur la forêt équatoriale s’est accentuée ces dernières années. Exploitants industriels, agriculteurs, braconniers : tous convoitent ce trésor naturel qui couvre plus de 80% du territoire gabonais.
Sur le terrain, les conséquences sont immédiates. Les sociétés forestières, dont plusieurs multinationales asiatiques et européennes, suspendent leurs chantiers d’expansion. Les syndicats du secteur craignent des pertes d’emplois, mais les ONG environnementales saluent un « coup d’arrêt salutaire » à la déforestation illégale et à la corruption qui mine la filière.
Le gouvernement explique ce gel par la nécessité d’auditer l’ensemble des concessions, de renforcer les contrôles et de revoir les critères d’attribution. La gestion durable, la certification FSC, l’implication des communautés locales et la valorisation du bois transformé sur place sont désormais présentées comme des priorités. L’objectif : garantir que chaque hectare exploité contribue à la fois à l’économie et à la préservation du patrimoine naturel.
Le Gabon, déjà pionnier de la finance carbone en Afrique, entend aussi peser dans les négociations internationales sur le climat. Le pays a reçu des paiements dans le cadre de l’initiative REDD+ pour la protection de ses forêts et souhaite renforcer ce modèle. Les autorités misent sur l’écotourisme, la recherche scientifique et les partenariats avec la Banque mondiale et l’Union européenne pour créer de la valeur autrement qu’en exportant du bois brut.
Les défis restent nombreux : lutter contre l’exploitation illégale, garantir la transparence, former les acteurs locaux et assurer une transition juste pour les travailleurs du secteur. Mais le Gabon affiche sa volonté de devenir un laboratoire africain de la croissance verte, convaincu que la forêt peut être une source de prospérité durable, pas seulement de profits rapides.
