Gabon – Le gouvernement suspend les permis forestiers pour protéger la forêt équatoriale

Un signal fort pour la préservation de la forêt gabonaise

Le 6 juin 2025, le gouvernement gabonais a annoncé la suspension immédiate de tous les nouveaux permis forestiers commerciaux, une mesure inédite destinée à enrayer la déforestation et à protéger la forêt équatoriale, l’un des plus grands poumons verts de la planète. Cette décision, saluée par les ONG environnementales et la communauté scientifique internationale, marque un tournant dans la politique de gestion durable des ressources naturelles du Gabon et de l’Afrique centrale.

La forêt gabonaise, un trésor menacé

Le Gabon abrite près de 85 % de son territoire sous couvert forestier, soit environ 22 millions d’hectares de forêt équatoriale. Cette forêt, qui fait partie du bassin du Congo, est un sanctuaire de biodiversité : éléphants de forêt, gorilles, panthères, centaines d’espèces d’oiseaux et de plantes endémiques. Elle joue aussi un rôle crucial dans la régulation du climat mondial en absorbant des milliards de tonnes de CO2.

Mais depuis une décennie, la pression sur la forêt s’est accentuée : exploitation industrielle du bois, agriculture sur brûlis, braconnage, développement d’infrastructures. Selon le WWF, le Gabon a perdu près de 2 % de sa couverture forestière entre 2010 et 2020, un rythme inquiétant pour un pays qui se veut leader de la « croissance verte ».

Une suspension des permis pour stopper l’hémorragie

Face à la multiplication des coupes illégales, des fraudes et des conflits fonciers, le gouvernement a décidé de geler l’attribution de nouveaux permis forestiers jusqu’à nouvel ordre. Les autorités s’engagent à auditer l’ensemble du secteur, à renforcer les contrôles et à revoir les critères d’attribution des concessions.

Le ministre de l’Environnement, Lee White, a déclaré : « Le Gabon ne sacrifiera pas son patrimoine naturel pour des intérêts à court terme. Nous devons garantir que chaque hectare de forêt exploité le soit dans le respect des normes de durabilité et de transparence. »

Réactions des acteurs économiques et de la société civile

La mesure suscite des réactions contrastées. Les entreprises forestières, notamment les groupes asiatiques et européens présents au Gabon, redoutent une chute de leurs exportations et réclament un calendrier clair pour la reprise des activités. Les syndicats de travailleurs du bois s’inquiètent pour l’emploi, dans un secteur qui fait vivre des dizaines de milliers de familles.

Mais la société civile, les ONG locales et internationales, saluent une décision « courageuse et nécessaire ». Elles rappellent que la surexploitation du bois profite surtout à des intérêts étrangers et menace l’avenir des communautés rurales, qui dépendent de la forêt pour leur subsistance.

Vers une gestion durable et inclusive de la forêt

Le gouvernement gabonais affirme que cette suspension doit permettre de repenser le modèle de gestion forestière : promotion de la certification FSC, développement de la filière bois locale, soutien à l’écotourisme, implication des populations autochtones dans la gouvernance des ressources. L’objectif est de maximiser la valeur ajoutée locale, de lutter contre la corruption et de garantir que la forêt profite d’abord aux Gabonais.

Des partenariats sont en cours avec la Banque mondiale, l’Union européenne et plusieurs ONG pour financer des programmes de reforestation, de surveillance par satellite et de formation des acteurs locaux.

Le Gabon, laboratoire de la finance carbone et de la diplomatie climatique

Le Gabon est aussi pionnier en matière de finance carbone : il a été le premier pays africain à recevoir des paiements internationaux pour la protection de ses forêts dans le cadre de l’initiative REDD+. Le pays entend renforcer son leadership à la COP30 et peser dans les négociations sur le marché mondial du carbone.

La suspension des permis forestiers est un message fort envoyé à la communauté internationale : l’Afrique centrale peut être un acteur clé de la lutte contre le changement climatique, à condition de recevoir un soutien financier et technique à la hauteur des enjeux.

Conclusion : Un pari pour l’avenir du Gabon et du climat mondial

La suspension des permis forestiers au Gabon est une décision audacieuse, qui place la préservation de la forêt au cœur du développement national. Reste à transformer l’essai en réformes structurelles, en emplois verts et en bénéfices concrets pour les populations. Le Gabon montre la voie d’une Afrique qui protège ses ressources et s’impose comme acteur majeur de la transition écologique mondiale.

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